Le marché central d’El-Jadida, que les habitants appellent encore « marché Nsara » ou « marché Nouar », vit aujourd’hui le même sort funeste que tant d’autres symboles de la ville : le théâtre municipal, les aquariums des jardins Mohammed V, l’hôtel Marhaba ou encore tant de monuments hérités de l’époque post-indépendance.
À chaque fois, l’histoire se répète : les conseils communaux qui se succèdent n’ont ni vision ni volonté, sinon celle de laisser dépérir un patrimoine qui aurait pu être un moteur d’attractivité et de fierté.
Le marché central, jadis point névralgique du commerce local, aurait pu devenir un atout majeur pour la ville. Mais sous l’œil indifférent du conseil actuel, il s’est mué en un véritable point noir. À l’intérieur, voitures et motos circulent librement malgré l’interdiction. Les toilettes, pourtant indispensables, restent fermées alors que plusieurs étals de poissons ont été reconvertis en restaurants improvisés. Les allées, autrefois ordonnées, sont désormais squattées par des ferrahas, transformant ce lieu central en un souk anarchique. Pire encore, aucune règle de fermeture n’est respectée : la nuit tombée, marginaux et toxicomanes s’y livrent à la drogue et à l’alcool…
Le constat est amer : ce marché central, comme tant d’autres espaces jadis emblématiques, illustre l’abandon programmé d’El-Jadida par ses propres élus. Car il faut le dire sans détour : le conseil communal, présidé par Benrbiâ, ne travaille ni pour l’embellissement de la ville, ni pour la défense de l’intérêt général. Sa seule boussole semble être la fructification de ses propres affaires et la préservation de ses privilèges.
Quant à El-Jadida et à son patrimoine, qu’ils sont censés protéger et valoriser, peu leur importe : qu’elle aille au diable.
Abdellah Hanbali


