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Sur une langue de terre fouettée par l’Atlantique, une ville s’accroche entre mémoire et modernité. El-Jadida, paisible et fière, respire au rythme de l’écume et des souvenirs. Ici, le vent ne souffle pas seulement sur les vagues : il murmure une histoire, celle d’un lieu où le temps semble avoir choisi de s’attarder.
La vie coule lentement, rythmée par le ressac et les rires d’enfants qui grandissent les yeux tournés vers l’horizon. L’air y est chargé de sel, de souvenirs d’algues et de sardines séchées au soleil. Une odeur singulière qui se mêle au brouhaha du port les jours de grande pêche, lorsque les cris des marins se heurtent aux murs du centre-ville tout proche.
Cette ville, c’est une corniche vivante, une carte postale que l’on croit figée mais que le cœur des habitants fait battre. Elle ne vaut que par son littoral, sa cité portugaise veillant comme une sentinelle sur l’histoire, et sur ses quartiers emblématiques où tout se passe : les cinémas, les cafés animés, les jardins du centre, les terrasses du soir. Le charme opère dans chaque recoin où la mer n’est jamais bien loin.
Et pourtant, ce fragile équilibre est menacé. À vouloir la transformer sans la comprendre, on risque de trahir son essence. Chaque décision politique qui ignore son identité la défigure un peu plus. Les cabines murées sur la plage en sont un triste symbole : vestiges d’un passé ni respecté ni réinventé.Car à trop vouloir moderniser sans écouter, on efface ce qui fait l’âme de cette ville qui n’a pas besoin d’être embellie, mais demande à être comprise.
El-Jadida ne demande pas d’être gouvernée, mais respectée.
Abdellah Hanbali