C’était au temps du puissant Pacha Hammou, figure d’autorité et d’influence. Dans une époque où le rôle des femmes se limitait souvent aux sphères domestiques, une exception fit date : celle de Fatima Bent Chbani, considérée comme la toute première “Ârifia” du Maroc.
Originaire d’une famille respectée, elle n’est autre que l’arrière-grand-mère de la famille jdidie Bouguerch. Son nom résonne encore dans la mémoire de ceux qui se souviennent d’un temps où les femmes commençaient, timidement mais résolument, à se frayer un chemin dans les cercles du pouvoir local.
À cette époque, Caïds et magistrats éclairés avaient compris une réalité simple mais fondamentale : certaines missions, notamment celles touchant aux affaires “fémino-féminines”, nécessitaient la présence et la sensibilité de femmes compétentes. Fatima Bent Chbani fut l’une de ces pionnières. Son rôle consistait à intervenir dans des affaires familiales, des litiges entre femmes, ou encore des situations exigeant tact et discrétion, des domaines où l’autorité masculine peinait à s’imposer.
Ainsi naquit, discrètement mais sûrement, la fonction d’“Ârifia”, un titre honorifique et administratif réservé aux femmes de confiance, à la fois respectées et écoutées.
Cette initiative, que l’on pourrait aujourd’hui qualifier de précurseur de l’émancipation féminine, révèle combien certaines figures locales avaient su anticiper l’importance du rôle des femmes dans la gestion sociale et communautaire.
Fatima Bent Chbani n’a pas seulement marqué son époque : elle a ouvert une voie. Celle des femmes marocaines appelées, depuis, à participer activement à la vie publique et à la justice sociale.
Abdellah Hanbali
