De plus en plus de questions, et toujours les mêmes inquiétudes, continuent de hanter le consommateur jdidi : quelle est la qualité réelle de ce que nous mangeons ? Et surtout, où sont passés les contrôles d’hygiène censés nous protéger ?
Les citoyens en sont désormais convaincus : ils consomment chaque jour davantage de produits toxiques et d’aliments impropres. Le pire, c’est qu’ils s’y sont habitués. Dans les marchés, la viande est souvent exposée des heures durant sur des étals non frigorifiés, soumise à la chaleur, à l’humidité, aux mouches, aux doigts des curieux… Jusqu’à virer parfois au bleu. La viande hachée ou les saucisses vendues chez les bouchers de quartier ou les marchands ambulants deviennent alors les principaux suspects lors d’intoxications alimentaires répétées.
Mais qu’importe ! Ne dit-on pas, dans un humour morbide, que « ce qui ne tue pas, engraisse » ?
Chez les volaillers, le spectacle n’est guère plus reluisant. Le poisson, quant à lui, est souvent décongelé en plein soleil, puis recongelé à la hâte sous une fine couche de glace, avant de repartir pour un nouveau cycle d’exposition. Et tout cela finit, bien sûr, dans nos assiettes.
L’abattage clandestin prospère encore, dans une indifférence quasi générale. Des bêtes sont saignées à même le sol, près des oueds, sous les ponts, voire à proximité des décharges. Des scènes dignes d’un autre âge, tolérées comme si de rien n’était.
Et si les consommateurs savaient toutes les manigances de ces soi-disant commerçants, ces apprentis sorciers de la malbouffe, peu d’entre eux oseraient encore leur faire confiance. Mais tout se sait, tout se voit, et pourtant… rien ne bouge !
Les services d’hygiène, censés veiller à la sécurité alimentaire, errent sans cap ni mission claire. Dans les souks populaires, on trouve des gâteaux couverts de poussière et de mouches, dévorés avec insouciance par des enfants.
Au bord des routes, des vendeurs crasseux proposent de l’huile d’olive dans des bidons sales, du beurre et du petit lait d’origine douteuse. Les autorités ferment les yeux. Laxisme coupable !
Devant les écoles, des marchands ambulants écoulent chaque jour des « friandises » dont les dates de péremption sont parfois, dépassées depuis des mois. Des sucreries bon marché, vendues à des enfants innocents, sous le regard indifférent des adultes.
Pendant ce temps, des grossistes véreux, profitant des failles du système, écoulent tranquillement leurs produits périmés, via des réseaux informels bien rodés.
D’un autre côté, nourrir une population croissante est un défi planétaire, et l’usage des pesticides semble aujourd’hui inévitable. Mais il existe des limites à ne pas franchir, des normes à respecter, et surtout une volonté politique à affirmer pour défendre la santé publique.
Face à des commerçants sans scrupules et des consommateurs peu exigeants, le pire devient la norme. Nous sommes en présence d’un véritable danger sanitaire qui menace la population dans son ensemble.
Il est urgent que les pouvoirs publics se réveillent, que les citoyens prennent conscience, et que chaque manquement trouve réparation. Car, au fond, un homme averti n’en vaut-il pas deux ?
Abdellah Hanbal



