La femme doukalaise objet d’une conférence de Mustapha Jmahri à Ain Chok

À l’invitation de l’équipe de recherche « Genre, discours et représentations » relevant de la faculté des lettres Ain Chok à Casablanca, Mustapha Jmahri, auteur-éditeur des Cahiers d’El Jadida, a animée le 20 novembre 2025 dans la salle de doctorat une rencontre sur le thème : « Le vécu féminin à El Jadida du protectorat à la postindépendance ».

Au début de cette rencontre, la professeure Najat Narci a esquissé une brève présentation de l’invité, son parcours universitaire et éditorial. Elle a également loué ses connaissances sur l’espace d’El Jadida et des Doukkala après plus de trente ans dans le domaine de la recherche locale.

La professeure Houda Abaylou, quant à elle, a déclinée le programme de la rencontre tout en remerciant l’auteur pour sa générosité intellectuelle et son don de livres aux mastérants et doctorants.

Prenant la parole, Mustapha Jmahri remercia les organisateurs et souligna que pour cerner un sujet comme il est annoncé sur l’affiche, il est indispensable au niveau de la pertinence méthodologique de partir d’études de terrain : d’abord son travail sur les témoignages des femmes d’El Jadida qui ont fait l’objet d’un livre paru en 2018, ensuite le livre d’Eugénie Delanoë qui aborde la situation de la jeune fille rurale dans la province d’El Jadida au temps du Protectorat et enfin son étude publiée dans Zamane portant sur les mariages mixtes entre colons chrétiens et femmes musulmanes, étude inédite sur ce phénomène observé à El Jadida et dans la région des Doukkala.

L’intervenant explique que le livre Paroles de femmes d’El Jadida a été réalisé sous les directives de la sociologue Fatima Mernissi, il est aussi le fruit d’une longue collaboration avec des témoignages de femmes permettant de dévoiler l’authenticité de leur vécu. L’objectif escompté est de rendre hommage aux femmes d’El Jadida et des Doukkala en leur donnant la parole pour qu’elles s’expriment sur leur parcours personnel et sur la situation de leur cité lors de la phase transitionnelle Protectorat-Indépendance. Elles révèlent beaucoup de détails, souvent de première main, sur les faits de cette époque et sur la mentalité marocaine et française de cette période.

Pour le livre de la docteure Eugénie Delanoë Trente années d’activités médicale et sociale au Maroc (1949), il s’agit selon Mustapha Jmahri d’un trésor d’informations sur la condition féminine et la réalité sanitaire dans le Maroc rural du premier XXᵉ siècle, méconnu des chercheurs contemporains.

Le livre d’Eugénie Delanoë apporte des données importantes sur la vie de jeune fille dans la campagne marocaine, vie empreinte de souffrances du fait de son entourage ou de son conjoint. En le lisant, on est choqué par certaines violences endurées par les jeunes filles à cette époque. Eugénie Delanoë parle du mariage précoce de la jeune fille marocaine musulmane à l’âge de 10 à 12 ans. Elle explique que ces mariages se faisaient pour des considérations d’intérêt immédiat avec des hommes mûrs. Arguments et exemples à l’appui, l’auteure expose les multiples souffrances de la jeune mariée, auxquelles s’ajoutent les infections locales et générales.

Dans un troisième temps, Mustapha Jmahri révèle les résultats de son étude de terrain déjà publiée dans le magazine Zamane et intitulée « Colons chrétiens et femmes musulmanes en Doukkala ». Il s’agit selon cet auteur d’une réalité historico-sociale, même si elle restait minoritaire, méritant un début de développement, dans un contexte où le sujet n’a jamais été l’objet au Maroc d’études spécifiques.

À la fin de la séance, Mustapha Jmahri répondit aux questions posées par l’assistance et procéda à la dédicace de ses ouvrages gracieusement offerts aux participants.

Envoi M.B

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