Mokhtar Timour, ancien responsable régional du syndicat UMT à El Jadida, m’a invité à l’accompagner à la plage de Deauville afin de changer d’air suite à mon opération chirurgicale du lundi 12 mai 2025.
Muni du matériel qu’il faut, Mokhtar m’a installé une chaise pliante et m’a donné, pour me protéger des rayons du soleil, un sombrero artisanal tressé en feuilles de doum, Taraza. Bien installés sur le sable, on paraissait comme deux vieux cowboys épiant l’horizon maritime du Mexique. Seul bémol : Mokhtar ne se sépare jamais de son costume-cravate que ce soit à la plage ou ailleurs. Il vit au rythme de son âge et porte à chaque période un accoutrement. Par le passé il était successivement footballeur, gardien de but dans la première équipe du DHJ, technicien à l’ONI après une formation à Casablanca et en Union Soviétique, militant dans la première section du Parti communiste marocain encadrée par le leader Ali Yata et responsable régional du syndicat UMT où il a côtoyé des noms prestigieux dans ce domaine.
Tous les épisodes de sa vie ont fait l’objet d’un livre relatant avec un certain détail chaque étape avec ses difficultés, ses leçons et ses rencontres lors d’une période très sensible de l’histoire du Maroc moderne. Ce livre, le vingtième de la série des Cahiers d’El Jadida est intitulé « Une vie d’engagements à El Jadida. Parcours militant de Mokhtar Timour ». Paru en 2019, ce livre a été bien apprécié pour la richesse des faits racontés et des noms des personnalités citées, alliant le régional au national. L’ouvrage a été également à l’origine de belles retrouvailles, dont j’étais témoin, de Timour avec son ancien responsable à l’Office du Haouz, l’ingénieur Mohammed Chraïbi perdu de vue depuis les années 70, avec l’historien casablancais Taki Najib qui lui a consacré un encadré dans son prochain livre, avec le sociologue Grigori Lazarev, également ancien de l’ONI, et bien d’autres.
Le contenu de sa biographie peut se décliner en deux grands thèmes : l’engagement politique et la vie du syndicaliste militant. Ses deux sphères s’imbriquent indéniablement dans la vie de cet homme que Grigori Lazarev qualifie, dans sa postface, de « militant de qualité ».
À la plage ce jour-là, avec nos sombréros de cowboys marocains : moi en chemise courte et Mokhtar avec son costume-cravate s’il vous plait, nous avons réévoqués ses histoires aussi immenses que cet horizon bleu qui s’étendait devant nous à l’infini.
Jmahrim()yahoo.fr
Chronique de Mustapha Jmahri : Deux cowboys marocains sur la plage d’El-Jadida
