Il y a une vingtaine d’années, plusieurs postes de police dits « de proximité » avaient été inaugurés en grande pompe à El Jadida. À l’époque, ces structures étaient censées rapprocher les forces de l’ordre des citoyens, instaurer un climat de confiance, prévenir les risques et lutter contre la criminalité. Une belle promesse sur le papier.
Mais très vite, la réalité a rattrapé les ambitions : faute de personnel, ces postes ont été fermés les uns après les autres, tombant peu à peu dans l’oubli et l’abandon.
Et voilà qu’aujourd’hui, surprise ! Le conseil provincial annonce fièrement un investissement de 8 millions de dirhams pour les rénover et les rééquiper. Un nouveau « look », du matériel moderne, et, nous dit-on, un renforcement des moyens pour assurer la permanence et l’efficacité des interventions.
Mais une question essentielle reste en suspens : avec quels effectifs ? Le manque de personnel est pourtant un problème reconnu et dénoncé à plusieurs reprises par les responsables eux-mêmes. Alors, à quoi bon moderniser des locaux si personne ne peut les occuper ?
Faut-il y voir une stratégie de communication en prévision de la Coupe du Monde et de l’afflux de touristes internationaux ? Une opération vitrine pour redorer l’image de la ville, le temps d’un événement ?
Si les Jdidis accueilleront sans doute avec satisfaction la réouverture de ces postes, il serait bon de rappeler aux décideurs que ces projets sont financés avec l’argent du contribuable. Ce même citoyen lambda, souvent oublié, qui attend autre chose que des coups d’éclat ponctuels.
La sécurité ne se limite pas à repeindre des murs et à installer des caméras dernier cri. Elle nécessite une vision, une planification, et surtout, des moyens humains à la hauteur des ambitions affichées.
En attendant (Godot ?), espérons simplement que ces 8 millions de dirhams ne soient pas une nouvelle fois jetés par les fenêtres. Car à force d’accumuler des projets sans études ni suivi, on finirait par croire que certains prennent les finances publiques pour un terrain de jeu… ou qu’ils ont des patates à la place du cerveau.
Abdellah Hanbali
El Jadida : 8 millions de dirhams pour rénover des postes de police… déjà inefficaces par le passé ?
