Rohessalam, le gardien que nul ne peut oublier

Tout jdidi ayant eu la chance d’admirer Rohessalam à l’œuvre en garde un souvenir indélébile. De ses exploits, nul ne peut détourner la mémoire.
Dès 1976, lors d’un tournoi en Égypte avec l’équipe nationale junior, il est sacré meilleur gardien. Une distinction éclatante qui braque immédiatement les projecteurs sur ce jeune portier jdidi, surgissant tel un météore du néant.
Imperméable à l’effervescence médiatique, « Roh » enchaîne les performances de haut vol, multipliant les interventions décisives et les arrêts miraculeux. À le voir dominer sa surface avec tant de maîtrise, nombre de jeunes gardiens trouvent en lui une source d’inspiration. Parmi eux, un certain Badou Zaki, fasciné, qui ne manquera jamais une occasion de partager sa chambre avec son idole lors des rassemblements, avide de conseils pour parfaire son art.
En 1979, à Split, lors des Jeux Méditerranéens en Yougoslavie, Cluseau, alors entraîneur de l’équipe nationale et des FAR, est convaincu : Rohessalam est le futur grand gardien du Maroc. À l’approche d’un match capital contre l’Algérie, il insiste pour l’attirer dans les rangs des FAR, Zaki étant encore trop jeune et inexpérimenté pour tenir la cage des Lions de l’Atlas.
Mais la vie, parfois, impose ses priorités. Responsable de ses frères et sœurs après le décès de son père, Rohessalam refuse, préférant rester fidèle au DHJ pour concilier carrière, travail d’enseignant et obligations familiales.
Ce choix, dicté par le cœur et la raison, scelle pourtant son destin. Déçu par ce refus, Cluseau le raye définitivement de la sélection nationale, non pour son niveau, qui ne faisait aucun doute, mais pour avoir désobéi à ses « ordres ».
Dès lors, la voie est libre pour Zaki, qui profitera pleinement de cette opportunité pour inscrire son nom en lettres d’or dans l’histoire du football marocain.
Quant à Rohessalam, il restera pour toujours ce talent brisé, victime d’un système où les considérations humaines pesaient peu face aux impératifs du résultat et des comptes-rendus aux supérieurs.
Ainsi fut brisée, de manière injuste, la carrière internationale de l’un des plus grands gardiens que le Maroc ait jamais connu.

Abdellah Hanbali

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