Taxis : un lobby tout-puissant face à un Elias El Malki victime de son propre succès

Derrière l’indignation affichée par une partie des chauffeurs de taxi après les déclarations d’Elias El Malki, un autre débat revient avec insistance : celui de la puissance d’un lobby capable d’imposer sa loi depuis des années. Car s’il est vrai que certains propos du streamer relèvent du dérapage, il l’est tout autant que le secteur du taxi bénéficie d’une indulgence étonnante, voire d’un traitement d’exception que peu d’autres professions peuvent se permettre.

Pendant que syndicats et associations professionnelles dénoncent une “atteinte à la dignité”, peu s’interrogent sur les manquements quotidiens qui minent la relation entre chauffeurs et usagers : absence quasi systématique du port de la ceinture de sécurité, comportements brusques, refus de course, prix décidés au gré de l’humeur, et une culture professionnelle qui semble parfois s’exonérer des règles les plus élémentaires de civisme et de sécurité routière. Le tout, au vu et au su des autorités.
Un lobby suffisamment puissant pour bloquer des réformes, imposer ses conditions, et résister à toute tentative d’encadrement réel.

Dans ce contexte, l’affaire El Malki cristallise surtout une frustration accumulée des deux côtés. La profession se sent dépréciée ; les usagers, eux, peinent à trouver dans les discours syndicaux un écho des problèmes concrets qui ternissent l’image du métier. Et voilà qu’un influenceur, certes coutumier des sorties maladroites, met le doigt, volontairement ou non, sur un tabou que beaucoup préfèrent ignorer.

Elias El Malki apparaît ainsi doublement piégé : d’un côté, il récolte les conséquences d’un style outrancier qui a fait son succès auprès d’un large public jeune ; de l’autre, il devient la cible idéale d’un secteur hypersensible à la critique, prompt à mobiliser syndicats, communiqués et parquet dès que son image est bousculée.
Un influenceur victime de son propre succès, mais aussi d’un climat où les réseaux sociaux peuvent transformer un dérapage verbal en tempête nationale.

En réalité, cette polémique révèle surtout un secteur qui n’a jamais vraiment affronté ses propres dysfonctionnements, et un influenceur que sa célébrité condamne à payer au prix fort chaque gaffe. Entre un lobby organisé et un jeune homme porté par un public massif mais imprévisible, le débat s’éloigne de la recherche de solutions pour se figer dans une confrontation stérile.

Reste une question, la seule qui vaille : cette affaire déclenchera-t-elle enfin une réflexion sur un secteur qui a besoin d’une réforme profonde, ou se limitera-t-on à sanctionner un influenceur tout en laissant les mêmes pratiques perdurer sur le terrain ?

Abdellah Hanbali

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