El Jadida – Casablanca : un train de retards, de silence… et d’indifférence

Dimanche dernier, les passagers du train reliant El Jadida à Casablanca ont une nouvelle fois fait les frais d’un service défaillant. Sous un soleil de plomb, dans une chaleur dépassant les 40 degrés, le convoi s’est brusquement arrêté en pleine nature. Pendant plus d’une heure et demie, les voyageurs – enfants, personnes âgées, familles, ont attendu, sans la moindre explication. Ni annonce, ni agent à l’horizon. Le silence assourdissant de l’Office national des chemins de fer (ONCF) a une nouvelle fois pris le dessus sur le bon sens.
Exaspérés, certains passagers sont descendus sur les rails, illustrant l’ampleur du malaise que vit quotidiennement ce tronçon ferroviaire pourtant vital. Car la ligne El Jadida – Casablanca est loin d’être secondaire : elle est empruntée chaque jour par des centaines d’étudiants, de travailleurs et de citoyens sans autre alternative de transport.
Et pourtant, rien ne change. Wagons vétustes, horaires aléatoires, absence totale de communication : la ligne donne l’impression d’un service figé dans le passé, ignoré des plans de modernisation qui ont profité à d’autres axes comme Rabat – Casablanca ou Tanger – Casablanca.
Depuis sa mise en service en mars 1987, cette liaison n’a cessé de cumuler retards, négligence et décisions contestables. Fermée en 1996 pour « faible rentabilité », elle a été relancée en 2012 sous la pression locale, sans qu’aucune amélioration réelle ne soit engagée. Aujourd’hui encore, les wagons d’époque peinent à tenir la route, tandis que la gare d’El Jadida, privée de techniciens qualifiés, recourt à des retraités pour des réparations de fortune.
Ce laisser-aller n’est pas seulement une question de confort. Il soulève une problématique bien plus large : celle de l’inégalité territoriale dans la répartition des investissements publics. Tandis que certaines villes roulent en TGV, les habitants d’El Jadida, Azemmour et des environs se contentent de « trains d’un autre siècle », dont certains roulent avec des portes ouvertes et des passagers entassés dans les couloirs, debout, sans air, ni sécurité.
Ce que réclament ces usagers n’est pas du luxe : juste un moyen de transport sûr, digne, et ponctuel. Un train qui respecte leur temps, leur santé et leur dignité. Mais face à l’absence d’écoute, d’engagement et de réponses, c’est le train du désespoir qui file à toute allure… sans arrêt en gare.

El Jadida Scoop

Related posts

Leave a Comment