Une page s’apprête à se tourner dans l’histoire d’El Jadida. La célèbre salle couverte Najib Naâmi, témoin de générations d’événements sportifs et culturels, vit ses derniers jours. En parallèle, les services publics de la corniche s’apprêtent à migrer vers un nouveau centre administratif, à la cité de l’air
C’est par une correspondance officielle adressée au président du conseil communal qu’a été donnée l’impulsion : le gouverneur de la province, Mohamed Atfawi, appelle à la démolition de la salle Najib Naâmi. Une décision lourde de symboles, qui s’inscrit dans le cadre des grandes lignes du plan de réaménagement de la corniche d’El Jadida, laquelle ambitionne de devenir une zone touristique à part entière, animée par des espaces de loisirs, de culture et de gastronomie locale.
Mais la pelleteuse ne se mettra en marche qu’une fois un terrain adéquat trouvé pour ériger une nouvelle salle, et après le feu vert du conseil communal attendu lors de la session de mai 2025.
Une corniche bientôt libérée de ses administrations
Au-delà de cette démolition emblématique, c’est un vaste chantier de transformation qui s’annonce pour le front de mer d’El Jadida. Plusieurs installations et administrations publiques, occupant aujourd’hui des emplacements de premier plan sur la corniche, sont appelées à déménager. Parmi elles, le siège même du conseil communal, qui rejoindrait le nouveau centre administratif en cours de développement à la cité de l’air
Ce transfert, négocié entre la Direction des Domaines de l’État et la société CGI, connaît cependant quelques retards, dus à une urbanisation rapide et parfois anarchique de la zone, où les constructions résidentielles ont fleuri sans toujours respecter une vision d’ensemble. Résultat : des défis croissants en matière d’urbanisme, de sécurité et de cohésion sociale.
Un monument à l’histoire singulière
Si des infrastructures plus modernes comme les salles Mohamed El Fassi ou Idriss Chakiri ont vu le jour, nombreux sont les clubs et équipes locales qui continuent de plébisciter la salle Najib Naâmi. Son emplacement stratégique, son cachet architectural et son histoire en font un lieu à part, profondément enraciné dans la mémoire des Jdidis.
Première salle couverte du Royaume, elle n’était pourtant pas dédiée au sport à ses débuts. Remontant à l’époque du protectorat français, le lieu servait à l’origine de salle polyvalente pour les fêtes, les mariages et les réunions des colons. Il s’agissait alors d’une piscine, temporairement couverte selon les besoins, et située à seulement quelques centaines de mètres du mythique Casino de la plage.
La nouvelle de sa destruction a provoqué une vague d’émotion au sein de la population. Entre nostalgie et incompréhension, nombreux sont ceux qui redoutent de voir disparaître un pan de l’âme d’El Jadida, sacrifié sur l’autel du développement urbain.
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