Subvention de 500 millions au Difaâ d’El-Jadida : une générosité qui interroge

Paroles citoyennes et incompréhensions croissantes s’élèvent à El-Jadida après l’annonce d’une subvention de 500 millions de centimes accordée par la commune Difaâ
Derrière ce geste, des zones d’ombre et des interrogations sur la légalité d’un tel transfert d’argent public vers une entité à statut privé.
Le Difaâ, rappelons-le, n’est pas un club amateur géré par une association à but non lucratif, mais une société anonyme sportive, dont le capital est réparti entre plusieurs actionnaires privés. Or, injecter 5 millions de dirhams issus des caisses de la commune dans une entreprise privée, sans contrepartie ni droit de regard sur la gestion, soulève de sérieuses préoccupations juridiques et éthiques.
Comment peut-on justifier qu’un club détenu par des actionnaires, ayant acquis leurs parts à un prix symbolique de 100 dirhams l’action, bénéficie d’un tel cadeau public, au moment même où les élus locaux justifient leur propre incapacité à répondre aux besoins fondamentaux des citoyens par un manque de ressources ? L’octroi de cette subvention, sans transparence, sans projet clair et sans retour exigé, apparaît pour beaucoup comme un abus grave.
Il ne s’agit pas de nier l’importance du sport dans la ville ni le rôle social que peut jouer un club de football. Mais si une entité souhaite recevoir des fonds publics, elle doit en assumer les conséquences : une participation au capital de la commune, un droit de regard sur la gestion, et des comptes à rendre à la collectivité.
Faute de quoi, cette manœuvre pourrait être assimilée à une dilapidation de fonds publics, un acte répréhensible au regard du droit marocain, qui devrait engager la responsabilité de tous les décideurs ayant validé cette décision.
Dans une commune où chaque dirham de l’argent public doit compter, où les routes et la collecte des ordures… souffrent de sous-financement chronique, voir 500 millions de centimes versés à une entité privée sans obligation de transparence ni de résultats est tout simplement inacceptable. Il appartient désormais aux autorités compétentes d’examiner les tenants et aboutissants de cette opération et, le cas échéant, de faire appliquer la loi.

Abdellah Hanbali

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