À une époque où le football ne nourrissait pas son homme, El Jadida a vu éclore en son sein une génération de joueurs exceptionnels, devenus depuis des légendes que le temps peine à égaler. Quatre noms, quatre artistes du ballon rond : Chiadmi, Chicha, Moubarik et Krimou. Un quatuor offensif d’exception, qui a enchanté les pelouses marocaines et fait chavirer les cœurs des supporters.
Trois ont été « Pichichis », meilleurs buteurs du championnat national, mais tous ont brillé par des qualités techniques hors normes, insufflant une magie rare à chaque match joué sous les couleurs jdidi. Leur influence dépasse les statistiques : ils incarnaient une époque, un esprit, une passion pure.
Il y aurait tant à dire et à redire sur ces monuments du football jdidi. Mais je m’en tiendrai aujourd’hui à un témoignage aussi sincère qu’émouvant, celui de Chiadmi à propos de son coéquipier Moubarik :
« Tout au long de ma carrière, et encore aujourd’hui, j’ai vu beaucoup d’attaquants marquer des buts magnifiques. Mais je n’ai jamais vu, ni revu, un but aussi beau que celui inscrit par Moubarik contre le Youssoufia de Rabat (victoire 3-0 au stade Philip en 1965 lors du match de barrage pour la montée en première division). Ce but, d’une pureté exceptionnelle, hante encore ma mémoire. Il était tout simplement extraordinaire. Dommage que la RTM ne diffusait pas le match ce jour-là… »
Un souvenir gravé dans la mémoire de ceux qui l’ont vécu. Et un hommage vibrant à un football d’antan, guidé par la passion plus que par les contrats.
Abdellah Hanbali
