Chronique de Mustapha Jmahri : Le Docteur Pierre Delanoë rend hommage à Anna Brison

Anna Brison (née Perret le 12 septembre 1895 à Villechenève au Bourg) a laissé un très bon souvenir chez les anciens d »El Jadida, où on l’appelait « Toubiba Sghira » (Petite Doctoresse). À la nouvelle de sa mort le 5 avril 1949, les voisins marocains musulmans, juifs et chrétiens ont exprimé leurs condoléances à son mari. Le Docteur Pierre Delanoë responsable à l’hôpital régional de Mazagan lui a consacré un hommage publié dans les colonnes du journal « La Vigie Marocaine » (en avril 1949) où il lui exprimait toute sa sympathie.
Dans ce quotidien casablancais, le Docteur Pierre Delanoë évoque la grave fièvre typhoïde contractée par la défunte en 1930 et qui lui avait valu dêtre hospitalisée. Après sa convalescence, elle exerça dans le service de la doctoresse Eugénie Delanoë et fut sa plus prestigieuse et rigoureuse assistante. C’est de cette période qu’elle tient son surnom élogieux de « Toubiba Sghira » (Petite doctoresse). Le Docteur Pierre Delanoë ajoute dans son hommage : « Ses grandes qualités de cœur la mettent très au-dessus de sa modeste condition d’infirmière auxiliaire. Je lui témoignais, pour ma part, beaucoup de sympathie ».
Au sujet de cette dame, sa petite-fille, Madame Maïté Sumian, m’a fait parvenir ce message :
« Cher Mustapha, je te remercie de jouer ce rôle de relais humain entre Mazagan-El Jadida et ses enfants dans le monde. J’apprécie ton idée d’évoquer brièvement l’histoire de ma famille dans cette ville. La voici :
Ma grand-mère Anna Bénédicte Brison, atteinte d’un cancer du sein en 1946 fut opérée au Maroc puis elle vint en France, à Lyon, se faire soigner par radiothérapie. Ensuite elle vint vivre à Tarare (département du Rhône) où ma Maman Marcelle Brison se maria avec mon père Albert Bourdin. Hélas, le cancer continua son oeuvre et ma grand-mère mourut le 5 avril 1949.
À Mazagan, mes grands-parents Camille et Anna Brison, vivaient près du port dans une grande maison. D’après les écrits de ma mère, cette maison était l’ancienne gare du train 0,60 m, transformée en garage municipal. Mon grand-père, mécanicien, s’occupait de la maintenance des véhicules municipaux (balayeuse, arroseuse, voiture incendie, ambulance, fourgon permettant d’aller aux abattoirs chercher la viande pour la ramener au marché). Leur maison communiquait avec ce grand garage.
Non loin de là, se trouve la belle plage avec ses cabines rayées rouges et blanches (qui avaient été un jour renversées et détruites suite à un raz de marée). Je sais aussi que ma mère et sa soeur aimaient faire des concours de châteaux de sable sur cette plage, organisés par le journal « Le Matin » et quelles avaient souvent le 1er prix !
Mes grands-parents avaient des amis : les familles Leca, Bonneton et Sux avec lesquels ma Maman est restée en contact par courrier pendant plusieurs années.
Chez mes grands-parents, la musique était présente : mon grand-père Camille Brison jouait de la mandoline et ma Maman, Marcelle Brison jouait du piano et chantait ! Elle dirigeait d’ailleurs une chorale « Les Céciliennes » et participait à des « radio-crochets ».
Ma mère est allée au collège de Mazagan qui était mixte. Elle se souvenait de son professeur de Français, madame Abadie. Son mari, monsieur Abadie, était surveillant général. Son autre professeur de sciences naturelles, monsieur Gevin n’hésitait pas à venir au collège avec son cheval s’il avait besoin de faire un cours sur cet animal.
Selon les archives de la famille et notamment un cahier manuscrit que m’a confié ma mère, mon grand-père Camille Brison s’est remarié à Mazagan en 1956 avec une Marocaine dénommée Bent Sellam bent Haj Omar Mahoula. Plus tard, on avait adressé une lettre à cette dame après le décès de mon grand-père en 1962, mais ma famille ne reçut jamais de réponse. Ma Maman aurait voulu récupérer la mandoline de son père. Dailleurs, comme ma famille était restée en France on ne savait rien de cette dame. Et je pense que peut-être on pourrait trouver dans les archives locales des traces sur mes grands-parents entre 1929 et 1946 ou 1962 (date du décès de mon grand-père à Mazagan).
Mon grand-père Camille Brison a épousé Anna Brison, sa première épouse. Ils ont eu deux filles : Yvonne et Marcelle (ma Maman). Cette dernière a épousé Albert Bourdin (mon Papa) en octobre 1946 et ils ont eu deux enfants : Gérard et Maïté Bourdin.
Ma Maman et sa soeur qui ont connu Mazagan avec leurs parents en 1929, et y sont restées jusqu’en 1956, y sont retournées dans les années 1990 mais elles n’ont jamais retrouvé la tombe de mon grand-père, ni la famille de cette dame marocaine… Cependant, toutes deux ont gardé un merveilleux souvenir de leur jeunesse passée à Mazagan.
Mon père, Albert Bourdin est décédé en 1974 à Marseille. Après son décès, ma mère s’est retirée dans la petite commune près de Blois. Puis, elle s’est rapprochée de moi, dans ses dernières années. Et elle est décédée en Haute-Savoie en 2016 à l’âge de 90 ans. Elle avait gardé dans un petit sachet un peu de sable de Mazagan. J’ai déposé ce sachet sur son cercueil.
Quant à moi, Maïté, je suis donc la fille de Marcelle Brison, épouse Bourdin. Je suis née à Tarare. Mariée il y a 50 ans je porte désormais le patronyme de mon époux Jean-Pierre Sumian. Je ne suis jamais allée au Maroc, mais à travers les souvenirs racontés et écrits par ma mère, je laisse mon imagination faire le reste »
Jmahrim()yahoo.fr

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