Le Laboratoire de Traductologie, Communication et Littérature de la Faculté des Lettres d’El Jadida a organisé les 16, 17 et 18 décembre 2024 trois conférences de l’historien français Alain Ruscio, spécialiste de la colonisation.
Coordonnée par le professeur Abdelhak Jaber, le conférencier a donné sa première intervention lundi 16 décembre 2024 sur le thème :« Pour une histoire réelle du colonialisme français ». Cette conférence s’est déroulée en présence des étudiants du Master Culture et littérature francophone moderne, de quelques professeurs et invités.
Alain Ruscio, né en 1947 est un historien et chercheur indépendant. Il a consacré l’essentiel de son travail à l’Indochine coloniale et à la phase finale de cette histoire, la guerre dite française d’Indochine (1945-1954), dont sa thèse d’État, soutenue en Sorbonne, en 1984. Il dirige un Centre d’information et de documentation sur le Vietnam contemporain, qui collecte et met à la disposition du public des documents de toutes provenances et en différentes langues. Il fut membre du Parti communiste français durant 27 ans, jusqu’en 1991.
Dans cette première conférence à la Faculté des lettres d’El Jadida, Alain Ruscio expliqua que la France avait conquis des territoires immenses dans tous les continents. Ainsi ce pays régna sur un territoire qui faisait vingt fois sa superficie. Ce qui fait que l’histoire d’outre-mer est intégrée dans l’histoire de la France depuis déjà le 17ème siècle. Il ajouta, en donnant des exemples, que cette histoire d’outre-mer avait marqué la France par le bien comme par le pire.
Alain Ruscio détailla les différentes formes du colonialisme en Afrique du Nord, en Asie (dans les trois pays qui forment l’Indochine) mais aussi sur d’autres continents : colonisation directe, Protectorat pour le Maroc ou les mandats ajoutés à la France après 1919. Mais les nuances juridiques, dit-il, ne changent rien à la réalité des choses et ne font pas de différence sur le terrain. Ainsi expliqua-t-il, que pour le Marocain lambda, « le Protectorat » est perçu tout comme un vrai colonialisme.
L’invité disséqua les rouages de la colonisation qui employait un dictionnaire du genre « mission civilisatrice » et autres arguments pour s’accaparer les richesses de pays étrangers. Les profits tirés étaient énormes si l’on pense, par exemple, explique le conférencier, que la France avait amorti la crise économique de 1929 grâce justement à « l’empire français ».
L’intervenant esquissa aussi une liste de noms d’écrivains, de poètes, et de romanciers qui n’avaient pas caché leur appui à cette politique de colonisation mais il précisa que d’autres noms avaient fait le contraire en réclamant l’émancipation des peuples tels Jean Jaurès, Anatole France, Jean-Paul Sartre, André Gide, Robert Barrat, les communistes, la gauche chrétienne et bien d’autres mouvements bien que ce courant dit-il était resté minoritaire.
À la fin de sa conférence, Alain Ruscio enchaîna avec ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient en concluant que « hélas on voit bien que le colonialisme n’est pas mort ».
Légende photo : Mustapha Jmahri avec Alain Ruscio à la Faculté d’El Jadida
Jmahrim()yahoo.fr