Y aurait-il un lien entre sous-développement et maintenance ? A coup sûr ! Car là où s’arrête la maintenance, commence le sous-développement.
Tant que le temps est clément, on peut se dire que tout va plus ou moins bien. Mais dès que la saison pluviale arrive et que les premières intempéries font leurs apparitions, avec les pluies si attendues, et parfois même celles qui n’ont rien de torrentielle, on constate alors les défaillances des communes à entretenir les infrastructures de la ville et le manque de supervision des autorités est alors mis à nu. Ce qui constitue le comble de la déchéance car on ne peut mettre à nu ce qui est d’office dénudé depuis belle lurette.
Il faut reconnaître que la maintenance n’est pas la culture privilégiée des élus communaux. Elle nécessite un engagement et une supervision continus qui ne vont pas de paires avec leurs priorités ni leurs intérêts. Il n’y a qu’à voir le nombre incalculable de poteaux d’éclairage aux fils électriques apparents et dénudés qui se comptent par centaines. Si dans les quartiers huppés de la ville on arrive à arranger un tant soit peu la face au détriment du revers, on ne peut pas en dire autant dans ces zones populaires, où le laisser-aller bat son plein.
Une fois aménagées, les infrastructures sont abandonnées à leur sort, jusqu’à leur dégradation au point de constituer un danger permanent pour la sécurité de la population.
Les nids de poules parsèment toutes les rues sans parler des innombrables écueils qui jonchent l’environnement et font partie intégrante du décor de la ville.
El Jadida est réduite au statut de ville « fantôme » car elle n’a plus de « ville » que le nom. Une ville complètement ignorée par les autorités, malgré les protestations de la population jdidie. Les réactions des officiels finissent par des promesses chimériques, camouflées par quelques travaux de réaménagement superficiels qui ne peuvent satisfaire les doléances légitimes des citoyens.
La maintenance n’est certes pas le fort des élus en charge de la chose publique. Sinon on n’aurait sûrement pas eu un centre-ville et de grandes avenues totalement squattés par des commerçants qui proposent toutes sortes de marchandises, ni ces restaurateurs ambulants qui laissent les rues crouler sous les ordures.
Un spectacle désolant d’une ville qui se détériore de plus en plus et rien ne semble présager d’un avenir meilleur, malgré les atouts et les richesses naturelles dont elle dispose.
Khadija Choukaili