Il y a un peu plus d’un siècle, les Français érigeaient à El Jadida un élégant édifice destiné à devenir l’un des tout premiers bureaux de poste du Maroc. Ce monument, symbole d’un urbanisme structuré et visionnaire, allait s’inscrire dans une série de réalisations marquantes qui allaient transformer la ville. Car ce qui est vrai pour la poste l’est tout autant pour d’autres infrastructures emblématiques : le théâtre, la Banque du Maroc, le port, la plage et ses cabines, ses cafés, la piscine municipale, devenue plus tard la première salle couverte du pays, l’hôtel Marhaba, ou encore les deux célèbres parcs du centre-ville : Spinney et Mohammed V. À cela s’ajoutaient un centre-ville animé, ses cafés, restaurants, bars, casino, magasins, sans oublier le stade municipal…
En une vingtaine d’années seulement, de 1912 à 1930, l’administration coloniale française a su doter la ville, et le pays dans son ensemble, d’équipements et d’infrastructures qui allaient durablement marquer le paysage urbain.
Mais que s’est-il passé depuis ? Soixante-neuf ans après l’indépendance, force est de constater que les divers conseils municipaux et communaux qui se sont succédé à la tête d’El Jadida n’ont pas su prolonger cette dynamique. Pire encore, ils n’ont même pas été capables d’entretenir ce précieux héritage laissé par les colons.
Ce constat, aussi dur soit-il, dit beaucoup de la qualité des hommes, et de leur vision, qui ont eu entre leurs mains le destin de cette ville. Une ville dont la beauté, si elle subsiste encore ici ou là, ne doit rien aux générations postcoloniales.
Triste réalité d’une ville autrefois florissante, aujourd’hui à la peine.
Abdellah Hanbali