Un patrimoine que l’autoroute n’a pas épargné, aujourd’hui, le tout n’est, hélas, qu’un tas de ruines.
Juste à la sortie d’El Jadida vers Azemmour, un panneau sur votre droite indique une route étroite conduisant à un site historique que les aléas du temps n’ont pas épargné et qui risque de disparaitre à jamais si aucune mesure salutaire n’est prise.
Signe prémonitoire : sur le panneau en question n’est inscrit que le nom du phare, « le M’nar de Sidi Mesbah », sans aucune allusion au « Ribat lamjahdine», l’appellation commune du site.
REGARD SUR L’ÉTAT DES LIEUX
Il y a une quarantaine d’années, M. El Ouazzani, ancien gouverneur de la province, avait visité le ribat et y avait inauguré une statue représentant un Moujahid, épée en main.
C’est ainsi que fut, enfin, rendu un hommage officiel aux Moujahidines d’antan et à leur fief.
Aujourd’hui, le tout n’est hélas qu’un tas de ruines, car depuis lors, le lieu fut livré de façonincompréhensible à lui-même et laissé aux aléas du temps.
Des trous y ont été creusés un peu partout, ce qui rend la place lugubre et triste. Le jeune guide, qui nous accompagnait, nous expliqua qu’il s’agissait de « signatures » (traces) laissées par certains fquihs qui venaient faire des fouilles à la recherche des « Kh’Zaynes » (trésors) susceptibles d’y avoir été enterrés par le passée.
Nous fumes dirigés ensuite vers une sorte de sous-sol, « le tunnel de Sidi Mesbah », qui garde toujours ses secrets, puisque personne ne sait à ce jour ce qu’il avait contenu dans ses entrailles, ni ce qu’il peut encore contenir. Au milieu de la place des poutres, à moitié brisées, constituent les vestiges de ce qui était jadis une mosquée.
Quant au cimetière adossé au tombeau de Sidi Mesbah, comme il est de tradition, et qui se particularise par le nombre impressionnant des tombes contenant des dépouilles d’enfants, il vient d’être ceinturé par une clôture du service des travaux publics.
Un responsable de la délégation culturelle régionale, à qui incombe la charge de sauvegarder les sites régionaux, nous a expliqué que le préjudice subi par une partie du site était dû au fait que l’ADM (la compagnie des Autoroutes Du Maroc) n’avait pas contacté les services culturels en place, au moment de la destruction.
RAPPEL HISTORIQUE
Des moujahidines qui y ont séjourné pendant plusieurs mois.
Après le départ des portugais, il n’a jamais été abandonné, mais devenu un haut lieu de culture et de pèlerinage pour la communauté dite « Abidates R’ma ».
Mais la plus belle fête de toutes et la plus grande aussi, était celle organisée la veille de l’ouverture du Moussem de Moulay Abdellah Amghar, relayé à son tour par le Moussem de Sidi Moussa (aujourd’hui Marché de Gros). C’était une grande soirée de chants et de danses (Lila) et portait le nom de Zerda (repas de fête), par référence à tous les délices de l’époque qu’on servait aux visiteurs : Couscous, Terda, Ftate l’Gadra, Baddaz…que les familles des alentours : Gharbiya (derrière Douar Ettagine), Laqmamra et Nouasra (autour du site), et un peu plus loin Laghnadra (au niveau du premier pont assurant le passage du train vers Casablanca)…venaient offrir aux Abidate R’ma ou partager avec eux.
Ribat Lamjahdine était devenu un véritable Moussem, avec sa fantasia, ses rituels… et qui avaient surtout l’avantage d’empêcher l’abandon des lieux.
Abdellah HANBALI