Chronique de Mustapha Jmahri : Abdellatif Chiadmi…Gentleman footballeur !

C’est à l’âge de 13 ans, en 1965-66, que j’ai croisé pour la première fois Abdellatif Chiadmi, le footballeur légendaire de l’équipe de football du Difaâ Hassani Jadidi (DHJ). Je l’ai vu alors de près puisqu’il était notre professeur d’éducation physique au collège Chouaïb Doukkali sous la direction du regretté Si Ahmed El Hettab.
M’intéressant plus à la lecture qu’au sport, je suivais les discussions animées de mes camarades de classe quand, au retour au collège les lundis, ils commençaient à décrire le match du weekend opposant l’équipe DHJ à l’équipe adverse. Au coeur de ces discussions, il y avait les exploits de Abdellatif Chiadmi qui ressortaient. Mon camarade de classe Abderrahim Bansar (plus tard membre du bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme PPS) tenait un joli cahier où il collait les photos du DHJ et des joueurs dont notre professeur Chiadmi. Ces photos, il les découpait dans les journaux francophones de l’époque tel « La Vigie Marocaine ». Nous étions ravis de regarder son cahier avec toutes ces images légendées. Comme elles étaient en noir et blanc, Abderrahim les colorait tout en respectant scrupuleusement la couleur initiale des maillots.
Beaucoup d’articles, sur Abdellatif Chiadmi dans la presse, étaient l’oeuvre du correspondant du journal à El Jadida qui n’était autre que le français-mazaganais, Yves Gicquel, notre professeur de mathématiques et collègue de Abdellatif Chiadmi. On voyait Yves Gicquel arrivant au collège le lundi matin avec le journal à la main plié à la page sport pour la montrer à Abdellatif Chiadmi et les autres professeurs de sport, François et Mortaji. Nous, leurs élèves, on suivait la scène du côté de notre classe en rez-de-chaussée en imaginant ce qu’ils se disaient. À la sortie de classe, Abderrahim Bansar qui assistait à tous les matchs du DHJ tenait à entendre l’avis de son professeur et journaliste Yves Gicquel.
Fervent jdidi et footballeur gentlemen, Abdellatif Chiadmi était désigné par la presse marocaine francophone et arabophone comme « La Tête dor ». Car, dans son jeu, il avait la maîtrise de l’emploi de sa tête notamment pour marquer des buts. Et, quand il tenait le ballon sur sa tête, tous les gardiens de but restaient sur le qui-vive. Dans un match de football engageant le DHJ, une grande partie des amoureux du ballon rond venaient spécialement pour admirer sa prestation non seulement d’El Jadida mais aussi d’autres villes. En effet, pendant deux années, à cette époque, il était considéré comme le meilleur buteur du championnat et comme le meilleur avant-centre du Maroc,
Mais l’homme a gardé, toute sa vie, une particularité : son relationnel exemplaire. Au centre-ville d’El Jadida, quand je le rencontre, c’est toujours un plaisir de lui parler, de discuter de notre ville qu’on a connue notamment dans les années 1960 et 1970. Ssi Abdellatif, comme je l’appelle, ressemble à son nom qui, en arabe, indique cette bonté du coeur qui se reflète tout naturellement sur le visage et vous laisse bercer par tant de gentillesse et tant d’élégance.
Jmahrim()yahoo.fr

Related posts

Leave a Comment