D’une famille rébatie, dont d’anciens résistants pour la cause nationale, Abdeljabbar Bouhelal a adopté la ville d’El Jadida depuis les débuts des années soixante. La ville aussi l’a adopté ; à telle enseigne que, depuis lors, leur relation est devenue presque charnelle.
Après des études à Rabat et Meknès, il rejoint l’Office régional de mise en valeur agricole des Doukkala (ORMVAD) à El Jadida. Il était alors une cheville ouvrière auprès de l’emblématique Directeur de cet établissement, Abderrahmane Taouqi. Homme de terrain, il participait, en coordination, avec ses supérieurs, à la bonne marche des différentes structures agricoles dans la province.
Ouvert aux autres et doté dune curiosité toute naturelle, Abdeljabbar servit la ville d’El Jadida en tant que technicien à l’ORMVAD, directeur de société agricole, directeur de publication, vice-président du conseil municipal de la ville, président du Rotary club et aussi en tant qu’artiste-peintre. Cest dire que ces différentes casquettes se complétaient, chez lui, en toute harmonie.
En 1985 il fonda un magazine trimestriel « Al-Massira » ; publication nationale économique dont le siège fut fixé à El Jadida. Une publication de ce genre représente un vrai défi dans une société où la lecture reste très limitée et confinée au niveau de l’élite. En parallèle à son activité professionnelle accaparante, il menait les investigations nécessaires, aidé par un groupe d’amis, pour produire une nouvelle conception de l’information économique et respecter son rendez-vous avec les lecteurs. Hélas, comme beaucoup d’autres titres au Maroc, « Al-Massira » finira par disparaître des kiosques, à grand regret : la loi du marché n’est jamais clémente.
Abdeljabbar s’est également investi dans l’humanitaire. Sous sa présidence, en 2009, le Rotary club dEl Jadida, s’assigna pour mission d’aider les plus démunis, comme des écoliers, notamment dans le milieu rural. Ainsi a-t-il supervisé plusieurs activités dans la région des Doukkala, allant de dons alimentaires et de fournitures scolaires, à la distribution de fauteuils roulants et de lunettes, au profit d’élèves issus de familles pauvres.
Abdeljabbar Bouhelal est également un artiste-peintre reconnu. Il a participé à plusieurs manifestations et expositions dans différentes galeries du Maroc. Pour cet artiste, l’homme apprend des crises, des guerres, des drames humains et des pandémies. Dans son parcours artistique, les difficultés constituent un tremplin pour avancer vers plus d’humanisme et de partage.
Témoignage :
« Je suis né le dimanche 30 août 1942 à Rabat à la clinique du docteur Henri Dubois-Roquebert. Mon père Si Mohammed ben Maâti Bouhelal et ma mère Lalla Radia bent Mohammed Bouhelal, sont tous deux originaires de la capitale du Maroc et de la ville de Fès.
À l’âge de la scolarité, mon père m’amena au msid, école coranique, de Sidi Larbi ben Sayeh pour apprendre l’arabe et le Coran. C’était au temps du Protectorat et les écoles qui enseignaient l’arabe étaient rares. La langue arabe était dispensée exclusivement aux écoles coraniques et dans quelques unes des écoles de l’enseignement privé marocain créées par des nationalistes du Parti de l’Istiqlal.
Après le msid, j’ai continué ma scolarité à l’école Mohammed Guessous fondée en 1934. J’ai passé le certificat d’études primaires à l’école Mohammed V pour continuer, par la suite, au collège Moulay Youssef, ancien collège musulman, de Rabat. Dans un deuxième temps, j’ai choisi j’ai suivi une formation technique dans la spécialité élevage.
Toute mon enfance, je l’ai passée dans notre maison familiale située sur lavenue Moulay Youssef près de Bab Rouah. Dans ce cadre familial, depuis mon plus jeune âge, je m’abreuvais des valeurs nationales, d’amour de la Patrie, de solidarité, de sacrifice et de la défense des déshérités. À l’époque, le Protectorat marginalisait la culture nationale au profit des valeurs occidentales. Chez nous, par exemple, on parlait l’arabe dialectal et on écoutait ce que nous racontait mon grand-père Si Maâti, précurseur de l’enseignement libre, sur l’histoire du Maroc en général et sous la dynastie alaouite en particulier. À l’école moderne, à l’époque, seule l’histoire de France était enseignée.
Adolescence joyeuse, je pratiquais la natation, avec des camarades de mon âge, à l’embouchure de l’oued Bouregreg entre Rabat et Salé. Mon deuxième sport favori étant le football, au sein de l’équipe des juniors de Touarga. Cette sélection de jeunes comprenait les fils des célèbres familles rébaties : Bargach, Ahmed Guedira, Benabdellah et Mesnaoui.
C’est à cette époque-là de mon adolescence que je découvris le monde merveilleux de la lecture. En cette matière, j’étais considéré, au niveau de la capitale, parmi les meilleurs adeptes des centres culturels étrangers notamment de France, des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union Soviétique.
J’avais à peine vingt ans, en 1961, quand j’ai décidé de suivre un parcours professionnel. Ainsi après avoir passé avec succès mes examens de fin d’année à l’École des adjoints techniques d’élevage de Sidi Aïssa à Meknès, j’y suivis les cours débouchant sur le diplôme