Chronique de Mustapha Jmahri : Les vestiges de la maison Ansado

La famille Ansado est l’une des grandes familles mazaganaises bien connues à El Jadida dans la période cosmopolite du 19ème et du début du 20ème siècle. D’origine anglaise de Gibraltar, la famille est apparentée par les liens du sang ou de mariage à d’autres anciennes familles de la ville telles les Balestrino, de Maria et Redman.
L’ancienne demeure des Ansado à El Jadida a disparu dans le cadre d’un nouvel aménagement du lieu. Elle se situait entre la rue Sanguinetti et la rue Mohammed Smiha en allant vers souk Lekdim. À cet endroit vivait John Baptiste Ansado et sa grande famille. Celui-ci, grand négociant, né à Gibraltar en 1848, se spécialisa dans les questions de crédit agricole en faisant des affaires par le biais de la banque Nahon à Tanger. Il exerça également la fonction de vice-consul de plusieurs pays d’Europe tels l’Angleterre, la Suède et l’Allemagne et il représentait dans la ville des compagnies maritimes allemandes et espagnoles. Sa demeure, au style méditerranéen, portait, en haut de la façade, les initiales de son bâtisseur « J.A ». Le bâtiment fut partiellement utilisé, un certain temps, comme agence du Crédit foncier. John Baptiste Ansado mourut à El Jadida en 1930 et fut enterré au cimetière chrétien à côté des familles Parody et Vivares.
À son décès, son fils Jean-Richard Ansado prit la relève dans la gestion des affaires de cette famille nombreuse puisqu’elle comptait treize enfants. Autant dire que trois générations vivaient, en même temps, dans la maison familiale.
Madame Yvette Adigard-Ansado, fille aînée d’Arthur Ansado, lui-même fils de Jean-Richard Ansado et petite-fille de John Baptiste Ansado, installée aujourd’hui en France, nous a précisé que ses aïeux possédaient plusieurs biens à El Jadida. Âgée aujourd’hui de plus de 82 ans, elle ne peut donner, comme elle dit, des précisions sur la nature de ces biens ni sur la principale demeure des Ansado. D’autant plus que son père, Arthur, avait quitté cette ville à l’âge de 18 ans avec son épouse Yvonne Cristin. Cette dernière était la fille de Constance Cristin, directeur de l’usine d’électricité de la rue Balestrino dans les années de 1940 jusqu’au début de l’Indépendance. Yvette, elle-même, s’est mariée à un mazaganais, Georges Adigard, fils aîné d’André Adigard des Gautries, morts tous les deux et issus d’une famille bien connue dans la cité. Après son mariage, Yvette suivra son mari dans ses différentes affectations puisqu’il travaillait à EDF international, à Fès, Tanger, Marrakech et Casablanca. Les époux quittèrent le Maroc en 1977.
Yvette Adigard-Ansado m’a fait part de ses sentiments par ce message : « Cher Mustapha, je regrette que mon père n’ait pu lire vos livres avant de mourir. Car, en les lisant, ce fut plus de quarante ans de ma vie qui se bousculaient à chacune des phrases. Je suis certaine que ses dernières images dans la confusion des ultimes moments de vie furent à Mazagan tant il en était imprégné. Nous en parlions, lui et moi, des heures avec tant de bonheur. Je vous remercie, Monsieur Jmahri, de perpétuer avec vos cahiers d’El Jadida les liens amicaux et fraternels entre cette ville et ses anciens habitants, de toutes confessions, éparpillés aujourd’hui à travers tout le globe. »

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