Anciennement appelé parc Lyautey, comme en témoigne la plaque de marbre fixée sur le mur mitoyen à la plage, le parc Mohamed V , constitue , avec le parc Spiney , les 2 plus importants espaces d’agrément d’El jadida, dont ils sont le poumon vert.
Situé entre la plage et le siège de la municipalité de la ville, il est (ou plutôt était ), sans doute l’un des plus somptueux du Maroc.
Conçu par le paysagiste Marcel Zaborsky , sous le Maréchal Lyautey en 1930 qui voulait faire de Mazagan le Deauville du Maroc, ce lieu mythique, d’une superficie de 35.000 m2 est surtout remarquable par la variété d’arbres et des essences rares qui y ont été rapportées des quatre coins du monde. On y trouve entre autres des dragonniers extrêmement rares au Maroc (arbres mythiques qui peuvent atteindre 20 m de hauteur, et qui ont l’allure de grands parasols), des eucalyptus et des palmiers centenaires, des araucarias etc.
Endroit idéal pour se détendre après une longue journée de marche ou de plage, pour se balader ou se poser , il s’enorgueillissait également de nombreuses allées fleuries, de parterres de fleurs savamment disposées qui s’offraient aux regards des promeneurs, et embaumaient agréablement l’atmosphère, et d’une magnifique pergola ombragée , bordée aussi de variétés botaniques.
Il se glorifiait également par ses bassins aux ides multicolores et ses nénuphars.
La stèle commémorative portant l’effigie de feu Mohamed V, qui trônait en son milieu, lui donnait un attrait particulier.
Hélas ! Toutes les merveilles que nous avions connues dans un passé pas très lointain sont reléguées aux oubliettes de l’histoire.. Son état actuel de délabrement fait couler beaucoup d’encre et en fera couler encore , et la rogne des jdidis qui l’ont connu sous de meilleurs jours sera toujours exacerbée tant que cette situation perdurera.
Le parc est devenu un lieu horrible, délaissé, où la verdure a perdu sa « verdure », faute d’entretien et à force d’être piétinée par les promeneurs qui s’assoient partout, les rectangles de gazon centraux ont été totalement détruits, les pelouses ravagées, les bassins démolis, les haies non taillées ou rarement par quelques timides actions sporadiques, les statues laissées à l’abandon. La peinture des poutres formant le toit de la pergola sont écaillées par les intempéries, les carreaux du sol fracassés, et les ordures jonchent le sol…La stèle commémorative portant l’effigie de feu Mohamed V et qui revêt une forte charge symbolique nationale a été subtilisée mystérieusement, sans que personne connaisse les tenants et aboutissants du pourquoi du comment ou du comment du pourquoi.. Et l’on ne peut pas parler de la déliquescence de ce parc sans rappeler le vide laissé par la fermeture du fameux café Najmat al mo7it, qui animait mélodieusement les lieux …
Les services concernés regardent d’un oeil indifférent ce triste panorama, de leurs bureaux qui y donnent directement. Peut-être ont-ils été toujours habitués à ce genre de vue, mais de quoi sont coupables les citoyens pour subir toute cette laideur?
Pour voir tous les sites chargés d’histoire de leur ville être l’objet de tant de négligence flagrante ?
Un tel dépotoir n’est pas digne du nom du roi éponyme, symbole de l’indépendance et père de la nation.
Ne serait-il pas judicieux de lui donner toute l’attention , la considération et le respect qu’il mérite ?
Car la mémoire d’une ville s’écrit grâce aux lieux protégés et non pas grâce aux plaques vides de sens…
Khadija Benerhziel