Après 53 ans passés, l’écrivain Mustapha Jmahri et Mbarek Bidaki ont enfin remis le cadeau d’anniversaire : l’album de Tintin à leur ami d’enfance le romancier Fouad Laroui, qu’ils n’ont pas pu le lui remettre un certain 12 août 1969. Cela s’est passé à la librairie de Paris à El Jadida le samedi 25 juin 2022 à l’occasion de la rencontre intitulée : « En compagnie de Fouad Laroui, souvenirs de jeunesse de Mustapha Jmahri et Mbarek Bidaki » qui a clôturé la saison culturelle de cet établissement.
Fouad Laroui né le 12 août 1958, avait eu onze ans le 12 août 1969. Alors qu’il était élève de l’école primaire Jean Charcot de la Mission française, il s’était lié d’amitié pour l’échange de bandes dessinées, dont il était un fervent lecteur, avec Mustapha Jmahri et Mbarek Bidaki, élèves au collège public à El Jadida. Ses deux amis ont alors pensé lui offrir l’album de Tintin qui venait de paraître « Vol 714 pour Sidney ». C’était le vingt-deuxième album de la série de bandes dessinées les aventures de Tintin paru aux éditions Casterman en 1968. Madame Germaine de Biazzo, libraire connue à El Jadida, à l’époque, affichait son prix qui se situait à une trentaine de dirhams. Les deux collégiens, malgré leurs efforts sincères pour rassembler le montant nécessaire à l’acquisition du cadeau, n’ont pu collecter la somme indispensable le temps voulu. Ils ont donc décidé de laisser tomber et de ne rien dire à leur ami Fouad Laroui. C’est lors de cette rencontre tripartite et conviviale qu’ils ont révélé, en public, le secret à leur ami commun. C’était aussi l’occasion propice de lui offrir cet album, nouvellement publié dans une belle réédition, devant une assistance émue par le geste, plus d’un demi-siècle plus tard. Grande joie du romancier en découvrant la dédicace en ce souvenir.
Maintes autres anecdotes communes et histoires légères ont été racontées et échangées pendant cette rencontre d’une saveur originale. Les trois amis ayant passé leur enfance et adolescence à El Jadida dans les années soixante, ils se sont connus grâce à la recherche de la la lecture. Mustapha Jmahri dira : « C’est grâce aux mots qu’on a pu devenir amis alors que tout nous séparait puisqu’on n’était pas du même milieu social, ni du même établissement scolaire, ni du même quartier, ni du même âge ». Mbarek Bidaki révéla que « c’était grâce à la littérature de bandes dessinées françaises : Blek le Roc, Zembla, Astérix et Tintin que notre amitié est née et s’était développée jusqu’à ce jour par d’autres moyens de communication».
Fouad Laroui répliqua qu’il est resté toujours admiratif pour ces deux amis qui persévéraient dans leur scolarité afin d’améliorer leur niveau en langue française à l’époque et qui, en plus de la lecture de bandes dessinées, prolongeaient leur passion, en sa compagnie, par le cinéma, la discussion en petit groupe et la promenade sur la plage.
Réunis tous les trois de nouveau après plus d’un demi-siècle de séparation, les trois amis ont clôturé cette soirée culturelle et de retrouvailles par un dîner offert par la librairie de Paris auquel étaient également invités d’autres convives. Nouvelle autre occasion pour prolonger une discussion sur la magie des mots et de ce qu’ils peuvent créer comme liens indéfectibles.
M. J.