Par:A.S
Triste Jeunesse », ce roman de 178 pages est un miroir qui reflète le quotidien flasque d’une jeunesse qui a plus d’expériences (mauvaises) que d’espérances…Mohamed Nedali nous ‘’trimbale’’ dans tout le MAROC à travers son énième livre sorti aux éditions Le Fennec.
Nous sommes à Marrakech. Dans un centre pénitencier. Nous entrons dans une cellule… Il est question d’un prisonnier apparemment. Un très jeune prisonnier. Un nom : Saïd Leghechim. ‘’Saïd est un bon garçon…calme, poli, instruit , respectueux…’’( p.14). Une telle description ne laisse rien entrevoir de vilain chez ce garçon ! Comment une si belle âme a pu en arriver là ? Injustice ?
C’est l’histoire chagrinante d’un jeune homme qui a mis ses rêves, ses projets, ses envies entre parenthèses pour l’amour d’une amie. Il était jeune sans l’être vraiment. Il vivait sa vie sans la vivre. Disons qu’il ne vivait que pour elle. Il était fou amoureux de cette belle et intelligente HOUDA. ‘’J’aimais Houda ! Je l’aimais comme je n’avais jamais aimé personne auparavant : de tout mon cœur et de toute âme. Je l’aimais d’un amour entier, passionné, éperdu…’’ (p 20). D’ailleurs l’auteur dans un chapelet d’événements en fait une parfaite description. Pour elle notre malheureux personnage n’avait plus de futur ; son avenir c’était Houda, juste elle. Rien que Houda. Le rêve de Houda était son rêve malgré lui. Voulait-elle être enseignante, qu’il le voulait aussi, sans passion, sans conviction. Quel amour ?! Vivement triste jeunesse.
Pourtant le pire reste à venir. Il aimait Houda oui ; mais comment le lui rendait-elle ? Voilà la grande interrogation. Cette vertueuse fille qui a gouté au fruit défendu avec son cher Saïd était d’un égoïsme sans pareil. Puis un jour l’irréparable se produisit … Saïd l’a fait. Il l’a commis ce crime passionnel. Houda est-elle morte ? L’a-t-elle abandonné pour un autre ? Telles des pièces d’un puzzle l’auteur enchaîne les événements avec un tel tact dans la création de l’émotion. Lorsqu’il fait intervenir l’ami fidèle YOUNES, c’est toute une jeunesse qui est ainsi décrite ! Avec son bagage de fougue et de folie.
MOHAMED NEDALI, en signant ici son cinquième livre, lève un voile sur un phénomène qui touche toutes les races de jeunes. Amour, jeunesse, insouciance, avidité, euphorie…voilà des vérités communes à tous les jeunes de ce siècle. Surtout les amitiés dangereuses ; ou plutôt les mauvaises compagnies. Être encore jeune et faire déjà le bilan de sa vie pleine d’expériences malheureuses que d’espérances est un échec de /pour la société. TRISTE JEUNESSE n’a peut-être rien d’original dans sa trame narrative, mais sa particularité réside dans la subtilité de l’auteur à dire les choses entre les lignes.
On y retrouve un peu de BALZAC dans la manière dont Mohamed Nedali semble s’éterniser sur les descriptions des lieux. Des détails fins, de plus d’une page. ‘’ dans ces alcôves au passé chargé de plaisirs licencieux, d’intrigues amoureuses et de poésie lyrique et courtoise , les hôtes européens coulaient des nuits peuplées de rêves extraordinaires’’ (P.111) Découvrons-y toute la littérarité de ce livre ! De même l’alternance entre phrases courtes et longues en donne une belle musicalité. Cette œuvre, ou encore ce puzzle dont la dernière pièce se trouve au début apparaît comme une philosophie sur la condition juvénile.