Sociologie de la santé : Santé et argent

Par: Hassan Aït Hammou

Pour Max Weber, auteur de L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, l’argent est prolifique, sa valeur est relative au temps et à l’espace. Il doit être rentabilisé, rationnellement investi. Il a cette particularité de pouvoir engendrer de la richesse. Dès lors, l’argent est procréateur d’argent. C’est là l’essence même de l’Economie. En outre, on pourrait dire que la relation qui existe entre le temps et l’argent pourrait être démontrée par l’expérience de l’investissement. D’ailleurs, tout a besoin de temps pour se faire.D’autre part, la notion de confiance, un autre point très important dans ce même sens d’idées, est à mettre en rapport avec le meilleur profit possible qu’on pourrait tirer d’une somme d’argent. La confiance est synonyme, dans les affaires, du crédit réel d’une personne. Ne dit-on pas, « Cette femme, ou cet homme, a du crédit », c’est-à-dire, digne de confiance.

De leur côté, Thierry Kamiouka et Fouzi Mourji*soulignent que le niveau socioéconomique du ménage a un effet encore plus important que l’effet classe ou l’effet établissement sur la trajectoire scolaire des jeunes. Le rapport que l’on entretient avec l’argent, précisent les deux chercheurs, détermine l’orientation en matière d’éducation. Cette orientation est, à son tour, tributaire des choix individuels ; il s’ensuit que les différences sociales peuvent influencer les niveaux d’aspiration susceptibles de jouer un rôle important en matière de choix éducatifs et de résultats scolaires. Par ailleurs, l’accès aux soins médicaux dépend essentiellement des ressources pécuniaires du ménage. Ainsi, à titre d’exemple, la persistance des inégalités pour les soins prénataux. Cela explique un certain nombre de comportements adaptés aux différentes situations. Partant, les changements que connait la société, notamment l’institution familiale, sont étroitement liés au rapport même que les ménages entretiennent avec l’argent et leur représentation de celui-ci. Par exemple, un ménage à faible revenu cherchera à savoir combien coûte un médicament ou une analyse biologique, tandis qu’un autre ayant un revenu supérieur s’acquerra des meilleurs soins offerts possibles.

Sur un autre registre, l’article d’Abdellatif Moustatraf et Jamal Taoufil, « Réguler l’aide médicale des pays à revenu intermédiaire : le cas du Maroc », présente une analyse de la situation actuelle de la régulation du RAMED. Ce programme d’aide pour les ménages les plus défavorisés à avoir accès gratuitement aux soins offerts par les hôpitaux publics, s’est fixé comme principal objectif la promotion du «bien-être » de la population. Or, un certain nombre d’obstacles barrent la route à ce programme ambitieux, à savoir, notamment, la pauvreté en nette progression, et l’informel qui ont des retombés néfastes sur l’Economie nationale. 

Ces textes ont en commun la conception que les gens ont de l’argent comme moyen de bien-être et de bonheur. Le premier, celui de Weber, se présente comme une entrée en la matière : l’argent doit être rationnellement investi, c’est sa principale fonction. Il est procréateur de richesse. C’est un moyen non une fin en soi. Les deux autres textes montrent l’importance de l’argent, toujours comme moyen, dans les différentes situations de la vie. Ainsi, l’argent, s’il est important en situation de non maladie il l’est encore plus en situation de pathologie. Il est difficile de se faire soigner quand on n’a pas d’argent dans un monde dominé par l’esprit capitaliste, pour reprendre l’expression de Weber. C’est là justement où résident la finalité et la philosophie du RAMED, un programme d’aide médicale réservée aux populations les plus démunies. Ce programme, initié par Sa Majesté le Roi, s’inscrivant dans une philosophie humaniste, vise à réduire le faussée qui séparent les classes sociales, les inégalités en matière d’accès aux soins parmi les marocains. Là c’est l’Etat qui investit pour le bien-être du citoyen quand celui-ci n’est pas en mesure de le faire.

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