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Par: M’hammed Beddari
Parmi les familles étrangères qui s’ étaient installées à Mazagan,et dont le passage n’était pas passé inaperçu ,il y ‘a certainement la famille Redman.
Dans quel contexte cette famille s’ était-elle installée à Mazagan?
Quel domaine d’activité avait-elle occupé?. L’objectif de cet article est d’élucider ces questions.
Il est certain que Mazagan,avait tiré profit de la politique d’ouverture commerciale instaurée par Sidi Mohamed ben Abdallah,et c’est dans ce cadre qu’un des gouverneurs de la ville , au début du 19 ème siècle,Mohamed ben Tayeb,qui,après avoir assuré la finition des travaux de reconstruction qu’avaient nécessités le départ des Portugais,avait tenu à booster l’activité de la ville,en faisant venir des juifs d’Azemmour puis de Safi . Ceux-ci n’allaient pas tarder à donner une nouvelle impulsion à l’activité commerciale de Mazagan.
C’est dans ce contexte qu’une première vague de commerçants Européens composée d’Espagnols,de Portugais,des Maltais,et aussi,d’Anglais s’ installaient dans la ville,et parmi eux,un certain Redman.
Ce dernier appartenait à une famille d’origine Anglaise,composée de Jean Redman,qui le premier ,s’ était installé à Mazagan dès 1822,et qui avait fait venir ses frères,Frédéric,puis Alfred,respectivement en 1837et 1843,pour constituer la société Redman.
Celle-ci ne tardait pas, grâce à ses activités variées, à attirer, l’intérêt de la France qui avait nommé un des membres de la famille, comme consul à Mazagan.
Jean Redman était un membre du conseil sanitaire de Mazagan, celui-ci avait pour mission de contrôler l’état de santé de tous les voyageurs accédant par mer à la ville, afin de prévenir l’entrée, et la propagation de toute pandémie dans la région. C’est en tant que tel, que les sources évoquent Redman qui volait au secours d’un bateau Français qui avait échoué sur la côte rocailleuse d’Azemmour ; et c’est lui en tant qu’ancien étudiant en médecine, qui s’était chargé de soigner les rescapés ramenés à Mazagan. D’ailleurs, il ne tarda pas être récompensé par la France, en étant reçu par le prince Joinville, sur son navire de guerre, qui faisait escale à Mazagan, et qui était en route pour bombarder Mogador en 1844.

La réputation et la considération acquises par les frères Redman, au sein des habitants de Mazagan, était devenue telle, qu’une fois, ils avaient organisé les opérations de défense de la ville contre les attaques des tribus voisines, qui ciblaient les deniers publics de la ville. En guise de remerciements pour services rendus, le Makhzen autorisait exceptionnellement les Redman à exporter 4500 tonnes des céréales.
L’audace et l’esprit d’initiative, poussaient les frères Redman à expérimenter même la culture du coton à Mazagan. En effet, ils avaient supervisé les travaux d’irrigation, de semences et de traitement de cette culture à El- Kalâa, et la production était tellement encourageante, qu’ils envisageaient d’étendre cette culture, mais devant le refus des autochtones de vendre leurs terres aux frères Redman, sûrement sur l’initiative des autorités locales, cette culture de l’or blanc ne pouvait dépasser le stade expérimental.
Avec l’accroissement du flux Européen dans la deuxième moitié du 19ème siècle, en étroite liaison avec les concessions accordées par les traités commerciaux et politiques aux pays Européens, les grandes sociétés prenaient de plus en plus d’importance que les familles ou les hommes, ce qui explique le déclin de la famille Redman, qui était redevenue une famille ordinaire au sein de la population étrangère de Mazagan.
