Oulad Frej : un festival qui provoque l’ire des habitants

Du 22 au 27 août, la commune de Had Oulad Frej organise un festival (Moussem) sous le thème de « la Tbaourida, un Art et un Patrimoine », avec la participation d’une pléiade de chanteurs chaâbii et autres activités.

Cependant, une grande partie des habitants de cette commune, estiment que l’argent utilisé pour cette organisation, dite culturelle, aurait pu servir à combattre la pauvreté et à créer des emplois pour les jeunes chômeurs de la région.

Certes, on ne peut dissocier le culturel de l’économique et du développement tout court.

 Certes,  la pire des pauvretés, ne peut être   qu’intellectuelle, et que par extension,  tracer une politique à l’intention d’une commune, c’est toujours commencer par la partie la moins matérielle : la Culture…

Car  c’est à partir de ce postulat, que  les habitants d’une commune, d’une ville ou d’une nation donnée, donneront de l’importance au reste.

Malheureusement, l’image qui nous est renvoyée par,  élus et autres composantes de la chose publique d’Oulad Frej et autres  ne dépasse guerre  l’organisation de certains Moussems et festivals.

Ils oublient que la Culture c’est aussi,  bâtir des conservatoires de musique, des centres culturels, des salles couvertes, des terrains de proximité, des théâtres, des maisons de jeunes, des cinémas, des librairies….

Ils oublient qu’investir dans la culture,  c’est asseoir une plate forme solide et avec des objectifs clairs.

Que  peut valoir en fait, ces festivals  dans une commune sans le moindre toilette publique ?

Que peuvent valoir ces festivals de musique et de cinéma, dans des villes dépourvues du moindre conservatoire de musique et de  la moindre salle ?

 De quelle culture parle-t-on et quelle culture avons-nous à faire valoir, lorsque la ville organisatrice de ce festival (Moussem)  qui  se targue de recevoir des dizaines de milliers de visiteurs pendant cette « Grande Fiesta », ne possède  même pas… une seule  toilette publique?

N’a-t-on rien d’autre à faire de ces millions et de ces milliards de centimes que de continuer à « jouer aux Traiteurs » et à « se faire plaisir » par le biais de telles festivités ?

Et  quand ces festivals-festivités seront terminés, que dirons-nous aux contribuables ? Que diront-nous aux enfants de la rue? Aux chômeurs ? Aux démunis ?…

Que ferons-nous face aux différentes délinquances juvéniles?

Comment allons-nous  tacler  ces maux qui rongent et menacent l’avenir de notre société et interpellent toutes les consciences vives, tout en rappelant que nous devons d’abord investir dans « l’Humain »?

Parce qu’il n’y a de salut que de ce côté-là. Et sans  investissement dans l’Humain, aucune politique ne peut aboutir.

Sous d’autres cieux, il y a belle lurette que les pays développés ont compris que les zones industrielles équipées, et même avec usines délivrées  clé en main, les technologies de pointe, les machines les plus perfectionnées, les hôtels les plus luxueux ne peuvent suffire à assurer le décollage ou la relance économiques souhaités, sans la participation effective de l’Homme.

Un Homme productif, conscient de sa valeur et de son rôle majeur de citoyen déterminant dans l’élaboration de la richesse et de la stabilité de la nation.

Un Homme situé au centre de toutes les politiques et qui doit être l’objectif ultime de toutes les démarches officielles qui feront aboutir à son instruction et à l’aider pour de se reconstruire et trouver enfin sa voie.

Elus, autorités, ONG…doivent tous se focaliser sur l’Humain pour qu’il retrouve son humanité et sa dignité.

En effet,  pour que l’Humain réussisse, il doit être pris en main pour se faire une place dans la société.

 Malheureusement, cet Homme qui doit être le centre des préoccupations et leur première richesse, continue à être négligé, marginalisé, méprisé, sous-alimenté et sous-payé.

Que pourrait-on attendre d’un être piétiné, sous-estimé, asocial et se sentant mal dans sa peau ?

Négligez un élément de l’équation et c’est tout l’édifice, toute la politique, tous les efforts accomplis qui se rétrécissent progressivement,  jusqu’à l’anéantissement et l’échec total. Or c’est malheureusement le phénomène auquel nous assistons, impuissants, depuis des décennies et à ce jour.

L’illustration en est faite  par ces armées de mendiants, de clochards, d’alcooliques, de drogués, d’enfants abandonnés et de « Mcharmlines » qui sillonnent nos rues et boulevards.

Had Oulad Frej, commune organisatrice de ce festival (Moussem) sous le thème de « Tbaourida ? un Art et un Patrioine » est actuellement entrain de battre des records dans la criminalité, dans le chômage des jeunes, dans les enfants de la rue, dans la pauvreté…

Et c’est parce qu’on passe à côté de la vraie culture que nos jeunes nous renvoient aujourd’hui cette image négative. Des jeunes dans la force de l’âge et qui ne pensent qu’à l’émigration, par n’importe quel moyen, au péril de leur vie. Idem pour ceux qui constituent la matière grise, le fleuron et la fierté de nos écoles supérieures et qui, pour un salut (chimérique ?) sous d’autres cieux, désertent le pays.

Si nous avons dressé ce tableau, presque noir, c’est dans l’espoir de voir nos élus et toutes les composantes de la chose publique de cette région,comme dans les quatre coins du royaume, adopter une autre mentalité et une autre approche du   socioculturel. Loin de toute démagogie et de toute philanthropie hypocrite et dangereuse.

Seul l’investissement dans l’Humain reste l’option gagnante pour faire évoluer la société.

Wa Fiq a Chafiq (A bon entendeur…)

Abdellah Hanbali

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