L’essayiste marocain Mustapha Jmahri, auteur-éditeur des Cahiers d’El Jadida vient de publier le 23ème ouvrage de cette série sous le titre « Du Protectorat à l’Indépendance. Mémoires du Lycée ibn Khaldoun d’El Jadida (1949-1969) ». La préparation de cet ouvrage de 160 pages a nécessité trois ans de travail et a suivi une méthodologie dynamique tendant à cerner l’Institution dans ses différentes composantes, lors de la période étudiée s’étalant sur vingt ans de 1949 à 1969. Période spécifique dans l’histoire du Maroc, peut-on lire dans le livre, étant à cheval entre deux histoires, deux mentalités et deux approches de la société.
L’ouvrage comprend une introduction du thème, un aperçu sur l’enseignement à El Jadida à la veille de l’Indépendance permettant de situer le contexte et l’historique propre du lycée. Un deuxième volet est consacré à une vingtaine de témoignages d’anciens élèves, hommes et femmes, Marocains et Européens, à l’image de cet établissement où le savoir était dispensé sans aucune restriction. Enfin, une centaine de photos apportent plus d’éclairage au texte.
La sortie de ce livre coïncide presque jour pour jour avec le trentième anniversaire des Cahiers d’El Jadida et le premier centenaire du lycée.
Dans sa préface, le journaliste et critique Mohammed Jibril souligne que « Mustapha Jmahri nous fait découvrir une nouvelle facette de la fresque mémorielle qu’il entreprend depuis trente ans avec une passion et une persévérance sans faille. Cette vaste fresque d’El Jadida, brassant plusieurs époques, conjuguant mémoires et réalités documentaires et restituant la singularité des vécus personnels, a une résonance et une densité qui font encore écho avec le présent ».
Pour sa part, le romancier Fouad Laroui a écrit, dans sa postface, qu’on retrouve dans ce livre sur le Lycée Ibn Khaldoun d’El Jadida « la plume et le style attachant de Mustapha Jmahri dont on espère que sa ville reconnaîtra un jour ce qu’elle lui doit. Son œuvre frappe par sa diversité… Sans tapage, sans esbroufe, Jmahri a fait œuvre utile et, ce qui ne gâte rien, elle procure un vif plaisir de lecture après quoi il ne reste plus qu’à dire : merci ».
La vingtaine de témoignages provient d’anciens élèves tels Mustapha Abou-Ibadallah (ancien journaliste au Matin): Abdelghani Chaalal (artiste-peintre), Aziz Binebine (auteur de Tazmamort), Jamal-Eddine Bouamrani (homme d’affaires), Moulim El Aroussi (universitaire et écrivain), Ibrahim El Hentati (médecin), Abdelmajid Kahia Tani (issu d’une famille algérienne refugiée), Andrée Métaireau (ancienne enseignante à Bir-Jdid), Jean-Louis Morel (poète mazaganais), Abdelhay Sadouk (interprète national) et Thérèse Wyss (Mazaganaise de nationalité suisse).
Dans sa série de publications lancée en 1993, Mustapha Jmahri avait aussi traité d’autres aspects de la cité historique d’El Jadida tels : le port, les consulats étrangers, les agriculteurs-colons européens, la communauté juive, les Résistants au Protectorat et les témoignages des femmes de la ville.
Le nouvel ouvrage sur l’histoire du Lycée ibn Khaldoun a été édité grâce à l’appui de l’Association des Doukkala présidée par M. Abdelkrim Bencherki. Quant à la photo de couverture, elle représente l’équipe pédagogique franco-marocaine de l’établissement en l’année 1954-1955.
Lettre à Mustapha Jmahri par Belaid Bouimid
Si Mustapha Jmahri, merci pour ce livre et pour l’initiative en elle-même, mais il y a beaucoup de blancs à combler et je suis sûr que vous en êtes conscient au vu de l’ensemble de votre œuvre. Vous êtes la référence par excellence de Mazagan et Al Jadida/El Jadida. Ma ville d’adoption, qui a eu plusieurs espaces porteurs de souvenirs et d’histoire.
Le théâtre Afifi, Si Mohamed qui en fut le directeur et par lequel sont passées plusieurs personnalités.
Le stade qui portera le nom Al Abdi, ancien gardien ( surnommé la colombe) qui finira malade et pratiquement abandonné. Ce stade a vu passer le meilleur joueur de tous les temps dans les Doukala…Si Mohamed Maâroufi.
On peut parler de foot et politique, avec l’implication de personnalités de l’administration qui ont conditionné et favorisé la promotion du DHJ…
Les cinémas Marhaba, Dufour et Taj tous disparus, physiquement et historiquement y compris Madame Dufour, Ba Salah, ancien joueur de foot et le sieur Dufour compagnon du mouvement nationaliste, décoré à ce propos par SM le Roi Mohammed V.
Et le commissariat, bien tout autant que les tribunaux, qui ont été le « théâtre » de plusieurs affaires et de procès d’opinion…
Vous allez me dire que vous traitez du lycée Ibn Khaldoun et, surtout, des lycéens internes de l’établissement.
J’en conviens mais sachez que sans ces lieux, l’histoire du lycée souffrirait de failles et d’omissions, que vous avez la possibilité de transcender, surtout que vous êtes, en tout cas en ce qui me concerne, le reporter le plus inspiré des Doukkala.
Et de ce lycée qui a vu passer, en son sein de nombreuses personnalités, qui ont honoré la pensée, Driss Chraibi, Abdelkbir Khatibi et notre Ibn Khaldoun contemporain Abdellah Laroui…
Amicalement B.B
PS je présente le livre ce lundi matin sur Radio Mars.