« Les pieds blancs », au théâtre de l’église à EL Jadida

  COM2DIE 5

Par : Driss Tahi

Pièce de théâtre traitant du phénomène de l’immigration clandestine, un sujet récurrent et préoccupant à plus d’un titre, et toujours d’actualité. Présenté ici intelligement, et sous un angle parfois satirique, avec des scènes dramatiques.

La mise en scène est de Mustapha Bouâsria , homme de théâtre Jdidi ,sur un texte du dramaturge Zoubeir Ben Bouchta; jouée en un seul acte par deux comédiens de talent ; Nouredine Chehbi et Yassine Manaf.

La première représentation de cette pièce au théâtre de l’église à la cité portugaise a drainé un public de passionnés d’art dramatique, de journalistes, et d’autres étudiants et intellectuels.

C’est l’histoire d’une rencontre exceptionnelle, entre deux marocains que tout sépare de prime abord ; frontière, culture ,et même leurs ambitions et leurs rêves sont différents. Deux hommes que le hasard a pourtant réuni dans l’un de ces nombreux parkings du port de Tanger. Connue pour son trafic quasi incessant de camions en provenance et à destination d’Europe et considérée depuis toujours comme étant un centre, et une plaque tournante de toutes sortes d’échanges commerciaux, mais aussi comme un vaste champs de grandes magouilles, allant de la contrebande jusqu’au trafic de drogue , en passant par l’immigration clandestine.

Le premier personnage qui est  le gardien , incarné par Nouredine Chehbi ,un comédie 2homme lambda, originaire de Ouarzazate au sud du Maroc, candidat à l’immigration clandestine ,qui n’a pas perdu l’espoir de réaliser son rêve ; celui de passer de l’autre coté de la méditerranée ,et ce malgré maintes tentatives vouées à l’échec . Arrêté, il accepta sous la pression des gendarmes d’assumer la double mission d’indicateur et gardien de l’un de ces parcs de camions, une fonction qui lui a permis de tomber sur l’aubaine inespérée ; « arabe la France » (comme sa petite amie française l’avait surnommée ) un cave superbement incarné par le jeune Yassine Manaf qui lui tend sur un plateau d’argent un aller simple pour la France.

un autre clandestin malgré lui, celui là. Il a échoué à Tanger par erreur, et le comble du paradoxe, c’est qu’il est arrivé de France muni de son propre passeport ,et portant la nationalité française en plus. Après avoir fui la police à la suite des émeutes de la banlieue parisienne, il prit la poudre d’escampette clandestinement à bord du premier camion pour n’importe qu’elle autre ville française, le temps que les choses se calment. Manque de chance, il se retrouva à Tanger, et tomba dans un filet, et à pic, pour réaliser, sans le savoir, le rêve du gardien futé qui le séquestra et profita de sa panique pour s’emparer de ses papiers français.

C’est ainsi que le gardien est devenu « arabe la France », et vice versa.

Une fin dramatique pour un jeune fils d’immigré marocain de la troisième génération devenu par ironie du sort

 » Pieds blancs « . Une situation qui rappelle presque celle des français « pieds comédie 1noirs » au moment de l’indépendance de l’Afrique du nord.

Un spectacle émouvant qui a tenu le public présent en haleine. Joué dans le décor sommaire d’un parking de stationnement de camions, et entre les caisses de marchandises.

Les spectateurs ont pu constater et apprécier la concordance dans le jeu entre les deux acteurs, leurs mouvements sur  scène, ainsi que la maîtrise des dialogues. Un éclairage et une sonorisation bien gérés, Le son et notamment le bruitage ( des portes métalliques surtout ) , ainsi que la chanson en playback… le tout sous la parfaite direction d’un metteur en scène soucieux de présenter un travail à la hauteur du texte et de son sujet.

 

Sonorisation Rachid tabit

éclairage accessoirs walid

Costume Amina El maizi

Décor Khadir bouaiti et AHMED aouita

Musique Hakim Moussa

 

 

Related posts

Leave a Comment