Par Mouna Hachimi
Depuis l’année 609, le Prophète Sidna Mohammed (PSL) avait reçu sa première Révélation au Mont Hira avant de commencer à rallier, depuis 613, de proches fidèles à la nouvelle foi, prônant la croyance en un Dieu unique et l’égalité entre les croyants.
Les puissants chefs de tribus Qoraychites, maîtres de La Mecque et contrôleurs du commerce caravanier, ainsi que du pèlerinage polythéiste à la Kaâba se sont montrés au départ intrigués, voire moqueurs, devant cet homme qu’ils affublent sarcastiquement de titres de poète, de devin ou de fou.
Devant l’augmentation du nombre de ses disciples, ils ne tardent pas à défendre violemment leurs privilèges fondés sur l’asservissement des hommes et sur le culte des idoles.
Les musulmans, subirent alors les pires tortures physiques sur la place publique, pour donner l’exemple. Une centaine d’autres musulmans durent quitter leurs maisons pour fuir l’oppression et trouver asile en terre chrétienne d’Abyssinie.
Résistant aux intimidations, aux menaces de mort et aux tentatives de compromissions lui offrant le titre de prince des Qoraychites, le Prophète aurait proclamé selon la Tradition: «Même si vous me posez le soleil sur ma main droite et la lune sur ma main gauche, je ne renoncerais pas à mon Message».
Ne serait-ce la stature d’Abou Talib, son oncle et tuteur depuis ses huit ans, son fervent supporter et chef respecté du clan des Béni Hachim, les Qoraychites auraient mis leurs menaces de mort à exécution.
Comme résultat de la protection et de la solidarité des Béni Hachim, musulmans ou pas, les autres tribus leur imposèrent le bannissement dans une étroite vallée en bordure de La Mecque, ainsi qu’un sévère blocus, interdisant tout échange social et économique, avec tout ce que cela suppose comme graves privations et comme isolement, à part en période de pèlerinage pour le Prophète.
En 619, juste après ce rude embargo qui dura trois ans, le Prophète perdit son oncle affectueux lequel fut remplacé dans le commandement du clan hachimite par un autre oncle paternel et farouche adversaire. C’est le riche Abou Lahab (Père de la flamme) ainsi qu’il était surnommé par le Prophète, de son vrai prénom païen, Abd-el-‘Ouzza, soit le serviteur de cette déesse arabe de la fertilité.
En ce ‘آm al-Houzn (année de la tristesse), le Prophète est affligé, peu de temps après, par la perte de son épouse bien-aimée, Khadija, son unique compagne depuis vingt-cinq ans.
De plus en plus menacé, le Messager se rendit à pied, le mois dix de Chouwâl à Taïf, à environ 110 kilomètres de La Mecque pour prêcher la bonne parole sur son chemin et pour rechercher des alliances en compagnie de son esclave affranchi, Zayd ibn Hârithah. Mais il est mal reçu par les notables et essuie, ensanglanté, les jets de pierres de la masse. Une expérience pénible où il n’éprouva nulle haine pour ses ennemis auquel il souhaita comme signe de compassion «que Dieu sorte de leurs reins une progéniture adorant Dieu seul sans rien Lui associer».
Telle est la grandeur de notre Prophète, dans cette infinie bonté, à raconter à l’infini à l’usage des mal-comprenants…