Par : Hassan Aït Hammou
La Coupe du monde est l’évènement le plus diffusé à l’échelle planétaire juste après les J.O. Il est inutile de rappeler les enjeux économiques et politiques de ce tournoi planétaire, aussi bien pour la FIFA que pour le pays organisateur, grâce, notamment aux droits télé de la retransmission en direct des matchs liés à la publicité, en plus d’Internet.
Le football, en général, permet aux supporters de se connaitre et d’interagir. Mais, dans les grandes compétitions telles que la Coupe du monde, le football permet aux peuples d’exprimer leur fierté, leur joie, voire même leur amour propre. Ainsi, le Mondial se présente comme un espace de confrontation, une sorte d’arène où les publics belligérants, venus des quatre coins de la planète, se livrent une véritable guerre de mots et de slogans, dans les gradins comme aux alentours des stades, parallèlement à l’affrontement de leurs équipes nationales sur le rectangle vert. Il ne s’agit pas seulement d’encourager son équipe nationale, mais également d’exhiber dans l’exaltation la plus totale, mais avec fair-play, les signes de puissance ou de différence, de se démarquer par rapport à l’autre, de marquer son territoire, de montrer et de crier haut et fort au vu du monde entier que l’on est bien là, que l’on existe. L’enjeu est de taille : affirmer son identité nationale et collective. Cela ne relève ni du nationalisme ni de l’idéologique. Le nationalisme s’inscrit dans un programme politique. L’idéologie relève de la théorie politique.
Le concept d’identité est à chercher au plus profond de l’être. Cela relève des sentiments. C’est le sentiment d’appartenir à une communauté bien déterminée, à une culture unique, à une terre et une histoire propres qui prime. On peut aimer plus d’un club à la fois. Mais, l’on ne peut porter dans le cœur qu’une seule équipe nationale, celle du pays d’où l’on vient. L’identité collective se présente, du point de vue sociologique, comme la forme communautaire dans laquelle l’individu est défini par son appartenance à une communauté. C’est dans cette perspective essentialiste que nous nous intéressons à la question d’identité dans son rapport à la Coupe du monde qui se présente comme une manifestation mondiale à la fois sportive, économique, culturelle, sociale et politique.
Dès lors, la joie collective que procure le football, dans ce contexte, s’inscrit dans une sorte de communion qui ignore les différences d’âge, de classes sociales, de statuts professionnels et même de genre. La victoire de l’équipe nationale fait la gloire de tout un peuple, de toute une nation. Les singularités et les identités individuelles se diluent naturellement dans l’élixir de l’identité collective. Le sentiment d’appartenir au groupe ou à la communauté d’origine émane de l’ensemble des valeurs culturelles, sociales, politiques et symboliques qui constituent l’identité collective, incarnées par l’individu et dont celui-ci s’imprègne. On pourrait aussi parler d’identité nationale sans aucune connotation idéologique justement, à l’occasion d’un grand événement qui concerne tout un peuple, toute une nation, tel la Coupe du monde, du simple citoyen jusqu’au sommet de l’Etat. Le geste du Roi Mohammed VI, vêtu du maillot rouge de l’équipe nationale, en se mêlant à ses sujets pour partager leur joie et montrer son soutien aux joueurs, donne à cette symbolique toute sa force. Chaque victoire de l’équipe nationale est l’occasion d’une communion populaire. Du coup, l’on oublie toutes nos différences, toutes nos particularités et nos singularités ; On est juste Marocains. Une même identité nous unit, le même sentiment nous anime. Tous ensemble on éprouve de la joie d’avoir gagné ou la peur de perdre. Tous les marocains ont exprimé haut et fort leur joie et fierté d’appartenir à leur pays. Une ferveur quasi religieuse se manifeste dans les prières adressées au Tout Puissant pour la gloire de l’équipe nationale et donc pour celle de la Nation toute entière.
Le football non seulement rassemble toutes les composantes de la nation autour de l’équipe qui la représente et devient dès lors un symbole national, mais il suscite également la communion de toutes ses composantes. On l’a dit plus haut, ce qui distingue la Coupe du monde des autres compétitions footballistiques mondiales, sur les plans social et culturel, c’est l’enjeu identitaire qu’elle présente du fait qu’elle permet le rassemblement de différents peuples, et donc de différentes cultures le temps d’un Mondial.
Hassan Aït Hammou