L’art équestre traditionnel de la «Tbourida» vient d’être inscrit à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Cet art marocain culturel populaire et ancien incarne plus que jamais la relation harmonieuse qui existe entre le cheval et l’homme.
L’inscription de « Tbourida » à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO témoigne de l’importance accordée à cette pratique ancestrale nationale qui est profondément ancrée dans la conscience des Marocains à travers l’histoire, et qui fait partie intégrante de leur patrimoine immatériel.
Cette pratique séculaire est pratiquée dans tout le Royaume. Elle regorge de rituels chargés de symboliques et est riche en profondes connotations patrimoniales.
Revêtant une grande importance pour les Marocains, cette pratique équestre a retenu l’attention d’écrivains et d’artistes du monde entier.
Tous ont reconnu en chœur que l’équitation traditionnelle était fermement ancrée dans la mémoire populaire collective et qu’elle servait à rappeler aux jeunes générations les gloires de leurs ancêtres.
La Tbourida est un témoignage puissant quant à la place distinguée que les Marocains ont toujours accordée au cheval à travers les âges: une place qui trouve désormais une large résonance auprès des jeunes générations.
La «Tbourida» a permis de s’enquérir, à travers les âges, de la pureté de la lignée des chevaux de race pure barbe et arabe-barbe, et de la protéger.
Elle a également permis de préserver le savoir-faire en matière de confection de vêtements traditionnels, de la sellerie, des armes à feu traditionnelles (fusils à poudre), d’épées marocaines anciennes, de tentes, d’accessoires, etc. Elle constitue un gage puissant de l’authenticité du patrimoine marocain, portée par un peuple fier de ses coutumes et de ses traditions millénaires.
Le Grand Prix de SM le Roi Mohammed VI de Tbourida organisé lors du Salon du Cheval d’El Jadida représente un moment phare du calendrier national de cet art équestre. Il jette les bases pour sa préservation tout en garantissant la transmission de ce flambeau d’une génération à l’autre.
La Tbourida commence aujourd’hui à connaître un succès grandissant auprès de la gent féminine avec l’apparition de sorbas composées de cavalières et qui perpétuent cet art sublime qui fut, pendant des siècles, l’apanage des hommes.
Ces dernières années, l’intérêt pour cette pratique équestre traditionnelle s’est accru, avec une floraison de compétitions nationales annuelles destinées à sélectionner les meilleures «sorbas», mais aussi les meilleurs cavaliers, les meilleurs chevaux et les meilleures tenues traditionnelles.
Ces compétitions se déroulent via des présentations réalisées par les troupes (sorbas). Chaque troupe se compose d’environ 14 cavaliers, en plus du «Muqaddam». Les cavaliers de chaque troupe doivent réaliser la «Tbourida» avec un tir collectif de fusil qui se doit d’être extrêmement synchronisé ; il doivent en plus faire preuve d’une prestance élégante et d’une discipline de fer. C’est au «Muqaddam» ou «Al Allam», qui est souvent le plus ancien des cavaliers, que revient la tâche d’organiser et de motiver ses troupes. Il a pour mission de passer en revue ses cavaliers avant chaque départ (tentative). C’est alors que les cavaliers se dirigent vers la ligne de départ et s’y alignent en attendant le signal du «Moqaddam», avant de lancer leurs chevaux dans une magnifique course au cours de laquelle les cavaliers auront à démontrer leurs compétences, tant en termes de contrôle de leurs chevaux, qu’en termes d’habileté dans le maniement de leurs fusils. Ils doivent appuyer en même temps sur la gâchette de leurs fusils à l’instant précis où le «Moqaddam» leur enverra un signal. Les cavaliers se parent de l’habit traditionnel qui se compose d’une «djellaba», mais aussi d’un «salham» (burnous), d’un turban et d’un «pantalon ample». Ils portent tous le traditionnel poignard ou épée et sont chaussés des bottes en cuir. Quant à l’arme traditionnelle de la Tbourida, elle se compose d’un fusil à canon long dit « Al-Makhla », lequel est parsemé d’entrelacs et d’inscriptions. La selle est, quant à elle, fabriquée par des maitres artisans qualifiés : elle est décorée de dessins et d’inscriptions ornementales issus directement du riche et authentique patrimoine marocain.
El Jadida Scoop