Par M’barek Bidaki
La magnifique salle du complexe culturel de la Fondation Abdelouahed El Kadiri à El Jadida a été le théâtre, le 7 mars 2023, d’une belle rencontre des élèves du Groupe scolaire L’Ange Bleu avec l’écrivain marocain Mustapha Jmahri, auteur-éditeur des Cahiers d’El Jadida. Organisée par le dit Groupe scolaire, en collaboration avec d’autres partenaires, cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la Femme et du Printemps culturel élaboré par cet établissement.
Cette rencontre a été animée avec brio par le professeur Abdelali Errehouni en présence d’un auditoire nombreux et intéressé composé d’une soixantaine d’élèves de première année baccalauréat sciences mathématiques, du staff enseignant du Groupe scolaire, de professeurs en formation au CPR d’El Jadida et d’autres invités. Ce rendez-vous était également l’occasion pour les élèves d’échanger avec l’auteur autour de la mémoire d’El Jadida et des hommes et des femmes illustres qui ont fait son histoire.
Au début de la séance, le professeur Abdelali Errehouni présenta l’invité en évoquant son itinéraire de chercheur qui était, en fait, un cheminement d’efforts, de circonstances et de coïncidences. L’animateur a notamment déclaré dans son petit mot à l’occasion en rappelant que le Prix Goncourt de la nouvelle en 2013 Fouad Laroui, n’avait pas manqué de citer, dans son dernier roman 30 jours pour trouver un mari édité en février 2023, son ami d’enfance, Mustapha Jmahri, en le présentant comme « L’historien local qui sait tout sur El Jadida ». Et le professeur Errehouni d’enchaîner que « Plus qu’un témoignage, ces propos sont une reconnaissance à l’égard d’un historien, journaliste et écrivain qui a consacré jusqu’à ce jour trente années de sa vie pour sauvegarder et entretenir la mémoire de Mazagan. Grâce à ce fouilleur d’archives, à ce passionné d’histoire, j’ai su que ma ville abritait une trentaine de consulats, qu’elle était un havre de cohabitation entre différentes communautés, musulmane, juive et chrétienne et que l’auteur du Petit Prince Antoine de Saint-Exupéry avait atterri sur cette terre et qu’il s’en était même inspiré pour écrire son œuvre Citadelle. Mustapha Jmahri est, sans l’ombre d’un doute, la mémoire vivante d’El Jadida. Depuis 1993, il a fait cavalier seul pour parcourir les sentiers du passé et en faire une fresque mémorielle qu’il a précieusement couchée sur les pages de 23 ouvrages sous le titre générique des Cahiers d’El Jadida. Que Dieu lui prête encore longue vie pour que cette série s’allonge encore plus et prolonge davantage le plaisir que nous trouvons à le lire ».
Le professeur Errehouni a également souligné que l’entretien avec l’invité allait se dérouler en deux temps : d’abord son parcours et ensuite, célébration oblige, son œuvre « Paroles de femmes d’El Jadida ».
Prenant la parole, Mustapha Jmahri commença par tracer son itinéraire depuis l’enfance entre El Jadida et Casablanca au gré du travail de son père, puis son inscription à sept ans à l’école libre Tahdib d’El Jadida, son passage au collège Chouaïb Doukkali, puis au lycée Ibn Khaldoun dans la même ville et le lycée Imam Malik à Casablanca pour l’obtention du baccalauréat en lettres. Il esquissa par la suite les péripéties de son cursus universitaire couronné par l’obtention d’un DES en journalisme. Répondant aux points soulevés par le modérateur, Mustapha Jmahri parla de ses débuts dans l’écriture de la nouvelle en arabe, puis les circonstances et le contexte de la création de la série Les cahiers d’El Jadida publiés en langue française depuis 1993. Il aborda également ses rencontres avec d’éminents intellectuels, dont certaines furent décisives, dans sa vie d’écrivain notamment avec Fouad Laroui, Abdelkébir Khatibi, Driss Chraïbi et bien d’autres.
Evoquant son adolescence et sa jeunesse à El Jadida dans les années 1960 et 1970, l’invité a indiqué, à l’intention des lycéens, que cette cité était un havre de modernité et en quelques sortes un bouillon de culture pour la jeunesse. Car celle-ci, en parallèle avec la scolarité, pouvait profiter très aisément de la lecture (BD et romans), des bibliothèques scolaires, du cinéma notamment les salles Dufour et Marhaba, du théâtre de la ville, des conteurs sur des places publiques désignées, de promenades éducatives et de la plage en été.
Il termina son intervention par la présentation de son travail consacré aux témoignages des femmes d’El Jadida, en affirmant que son livre intitulé « Paroles de femmes d’El Jadida » paru en 2019, bien qu’il concerne une cité spécifique, donne véritablement une idée précise sur la jeune fille marocaine lors de la période emblématique 1949-1969. Il signala également le soutien et les encouragements qu’il reçut, pour la réalisation de ce livre, de la part de la regrettée Fatima Mernissi et de l’ancienne ministre et préfacière de l’ouvrage, Nouzha Skalli.
La rencontre s’est achevée par un échange entre l’invité, les élèves et les professeurs, puis par la distribution, à titre gracieux, par Mustapha Jmahri d’une soixantaine d’exemplaires de son ouvrage aux élèves présents.