Mouna Achiri (espacemre)
Aux grands maux les grands moyens. Le Maroc suit enfin les traces des pays qui ont banni le plastique de leur quotidien dans un souci écologique. Après une première loi interdisant l’utilisation des sacs en plastique noirs en 2010, ladite loi vient déclarer la guerre aux autres sacs en usage depuis le 1er juillet 2016
On est loin du temps des larges sacs en osier hand made que baladaient nos grands-parents à mesure de leurs courses. Le plastique a fait son entrée en force et s’est introduit partout dans la vie des citoyens, dans les cuisines, les petits et grands commerces pour son côté pratique et son usage facile. De nombreuses années plus tard, ses méfaits reconnus sur la santé et l’environnement n’ont rien ôté à son attrait et les usagers se voyaient mal s’en passer. Devant de nombreux slogans, campagnes et messages publicitaires qui se sont révélés inefficaces face à l’usage des sacs en plastique, une loi intraitable et ferme s’imposait afin de supprimer cette matière qui nuit à la faune et à la flore. »Jeune Afrique » rapporte que chaque année environ 120 000 tonnes de sacs se retrouvent dans la nature dont seulement 1 000 tonnes sont récupérées pour être recyclées.
Au Maroc, 900 sacs en plastique sont utilisés par an et par foyer, rapporte la même source. Si on considère le temps de décomposition de cette matière, quelques 400 ans, on ne peut qu’applaudir et soutenir une si belle loi, surtout dans un pays qui mise sur le développement durable. « En l’absence d’une politique de recyclage efficace, une grande partie de ces sacs se retrouve dans la nature, polluant le sol et s’infiltrant dans les nappes phréatiques au fur et à mesure de leur décomposition », affirme à ce sujet la Coalition marocaine pour la justice climatique dans un communiqué public, ajoutant qu’ « outre les conséquences visibles sur l’environnement, les sacs plastiques représentent un danger réel pour la santé humaine à plus d’un titre. Ils comportent en effet un risque chimique, notamment à cause des substances nocives qu’ils contiennent ».
Seul un bémol et non des moindres pourrait brouiller ce tableau alléchant : l’importation de déchets européens au Maroc. Dans un communiqué cité par le siteYabiladi, il est rapporté qu’un bateau chargé de 3.300 tonnes de déchets aurait accosté le 1er juillet au port d’El Jadida, destinés, selon le même site, à être incinérés dans une cimenterie de Casablanca, faisant écho à une importation antérieure de 2.500 tonnes de déchets d’Italie. Nous, citoyens lambda, n‘y comprenons pas grand-chose au système d’import/export ni aux systèmes de transformation des matières sauf pour les initiés et les professionnels, mais nous comprenons le mot « déchet » et il faut plus que des tentatives évasives pour nous convaincre que des déchets soient importés pour servir nos intérêts.