Le sociologue, poète et artiste peintre Mustapha Saha rend hommage à Leila Alaoui, artiste planétaire, messagère de paix et d’humanité, fauchée, en pleine éclosion créative, par l’hydre noir du fanatisme.
» Dans l’édifice prestigieux de la Maison Européenne de la Photographie à Paris (ancien hôtel particulier Hénault de Cantobre), devant une photographie sobre d’Augustin Le Gall, Leila Alaoui, en noir et blanc sous cadre laiteux contrastant cruellement avec le rayonnement de son sourire, remontent des tréfonds de l’être l’inconsolable douleur, l’insurmontable sentiment d’impuissance, que dire face à la perte irremplaçable d’un joyau de la terre ? » © Mustapha Saha, Les Journées fugitives.
Hommage à Leila Alaoui à la Maison Européenne de la Photographie – Paris.
En recueillement, Mustapha Saha, sociologue, poète, artiste peintre.
Photographie (c) Elisabeth et Mustapha Saha
Leila alaoui
Par Mustapha Saha
Acrylique sur toile
Dimensions :100 x 81 cm
LA BELLE MAGHRÉBINE
Par Mustapha Saha
Elle dansait pieds nus la belle maghrébine
Sur la route d’exil du penseur muselé
Deux anneaux cadençaient sa danse libertine
Deux bracelets d’argent d’énigmes ciselés
Cependant que ses mains gantées de florentine
Perçaient d’évasures les filins barbelés
Elle dansait pieds nus la belle maghrébine
Sur la rhapsodie bleue de l’incessante errance
Sur le chant de douleur lancinant en sourdine
Sur la flûte envoûtée des nuits sans espérance
Tandis qu’un arlequin confident de l’ondine
Rythmait sur tambourin sa sublime endurance
Elle dansait toujours la belle maghrébine
Quand la lune éclaira l’endeuillée ville verte
La place du marché jonchée de carabines
Le puits des supplices bouche d’enfer ouverte
Le mausolée du saint taché d’hémoglobine
La maison des femmes d’anathèmes couverte
Elle dansa pieds nus la belle maghrébine
Jusqu’à disparaître dans la source naissante
Quant il ouvrit les yeux par une aube marine
La mémoire purgée de ses lubies stressantes
Il sentit reprendre la vie dans la poitrine
Et sur son front courir la brise caressante