Fatima Moutih : La poésie de l’amour et du pardon

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Native d’El Jadida, Fatima MOUTIH est une femme autodidacte, aux dons exceptionnels pour la peinture et la poésie. Ses toiles laissent apparaitre une richesse artistique fortement représentée par la femme traditionnelle dans toute sa splendeur.

« Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. D’une génération pleine de richesses. D’une ville où Chrétiens, Juifs et Musulmans se côtoyaient dans l’harmonie totale.

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Toute une  nostalgie, que je ne parviens à exprimer et à extérioriser qu’à travers mes toiles et ma poésie. C’est là  que j’y arrive le mieux et que mes souvenirs parviennent à remonter, le plus dans le temps.

Mon coma

 

On me l’a dit, j’ai dormi trois mois

Tombée dans le coma.

 

« Un jour d’hiver je me rappelle

Il pleuvait, il y avait la grêle

Le contraire de ce mois de mai

C’était la date de mon réveil

Un temps plein de soleil.

 

Emerveillée, sortie de mon long sommeil

Etonnée, je cherchais la grêle ?!

Son bruit encore dans mes oreilles

Suivi d’un coup fort..Oui je me rappelle !

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J’étais en classe, j’avais six ans

Je sombrais dans un sommeil profond

Sans défense, encore une enfant.

 

En face de moi, une créature inhumaine

Pleine de mépris et de haine

Frappant mon petit dos à l’improviste

M’Isolant dans un monde de silence.

 

Quand le souvenir m’est revenu

Mes parents n’ont pu savoir mon désarroi

Ils n’étaient plus là ….

 

Dans ma classe, assise au premier banc

L’instituteur, un osseux arabisant 

En enseignant, il tournait en rond

Cravache cachée derrière le dos ! 

 

Un dessin attirait mon attention

d’Une fleur, gravée sur mon banc

J’écoutais la leçon…….

Mais de mon petit doigt d’enfant

Je caressais le dessin, doucement !

 

Quand un coup très violant

Vint me priver de la raison

Trois mois, il s’est arrêté le temps.

 

Bien sûr la vérité fut tout autre

Aujourd’hui, je raconte

Ma vérité est pure et nette

Mensonges leurs paroles

Directrice et enseignantes

M’ont mouillée, arrosée de parfum 

Je suffoquais, trace flagrante sur mes reins

Simple malaise…Elle n’a rien…rien !

  

Ma mère en pleurs tenait ma main

Puis un trou noir sans fin …

Trois mois de vie ailleurs !

Le néant…Plus de lueur 

 

Et au jour de mon réveil

C’est  mon père qui tenait ma main.

Et maman criait enfin …

Ma petite fille me revient !  

f.m

 

Très jeune, je passais mes vacances scolaires à la campagne. Ce lieu était synonyme de liberté : courir, chanter, danser pieds nus…Tout n’était que joie, insouciance et volupté. C’était pour moi, le lieu des saveurs et des odeurs : comme  ce pain cuit au «  Kanoune » ;  la tombée des premières gouttelettes de la pluie  sur une terre encore tiède  ou  ce thé à la menthe, à nul autre pareil…et de ces « Agora » à la tombée du jour, où l’on parlait peu, mais riait beaucoup…

« MENJEJ »

Ce menjej à la natte jaune, bleue et verte

Où ma mère est assise …ou ta mère !!!

Leur goût je suppose connaître…………

C’est l’un de mes souvenirs

Que je fais traduire

A l’aide d’un pinceau en peinture

Colorant mes larmes

Et les cris lointains de mon âme !

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Avec le recul, je constate que la vie et les gens étaient simples et modestes, mais on était  plus heureux qu’aujourd’hui, car au lieu de se partager des biens, on se partageait de l’Amour et de l’afection. »

« Le passé m’attire et l’avenir me fait peur ! » Moutih.

Chuuut !

Elle regarde la mer, elle regarde la lune
La lune fait des vagues
Les vagues ne font pas assez d’écume

Les vagues vivent, meurent sas trahir le temps
Et elle……elle est seule dans le néant

Son chemin est désert, la route est loin
Elle regarde et elle ne voit rien
Les mots sont traîtres, ils n’influencent point

Les murs sont des portes ouvertes sur la mélancolie
Et la mélancolie la ronge chaque nuit

Son repos est dans le silence
Chuuuuuuuut…………….. !

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Toile de Fatima Moutih intitulée « CHUUUUT »

Par cette poésie et cette peinture, c’est le Bonheur dans la simplicité des choses, l’Amour d’autrui, la Joie de vivre…qui reprennent place là où certains n’y voyaient que tristesse et …désespoir.

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Fatima Moutih et Abdellah Hanbali.

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