L’état actuelle du théâtre de Sidi Bouzid !!!!
Par: Khadija Choukaili
Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Il est temps de décoller !
Oups ! j’allais dire de faire décoller la CULTURE.
Loin de la politique et de la gestion des deniers publics, méditons un peu sur un volet, oh combien important pour le développement d’une nation, mais tellement ignoré par les gestionnaires actuels de la chose publique : LA CULTURE.
El Jadida vit depuis plusieurs décennies sous l’emprise des pratiques malveillantes des différents responsables communaux qui se sont succédé et qui avaient pour mission principale de gérer et développer le volet culturel, en collaboration avec les délégués du Ministère de la Culture, mais qui se sont détournés vers une mission particulièrement égoïste, ne visant que leur intérêt personnel, en oubliant que tant de nations se sont développées grâce à la place que leurs dirigeants ont accordé à la culture.
Des rénovations du théâtre qui ont coûté plus de 900 millions de centimessous l’ère Jamiî…pour le fermer après.
Dire que la ville, durant les années 70 et 80 du siècle dernier, disposait d’un patrimoine culturel digne du niveau intellectuel des responsables communaux de l’époque, malgré l’absence des moyens didactiques et pédagogiques très limités dont ils disposaient. Car au-delà des moyens physiques, les responsables de l’époque accordaient à la culture la place qui lui revenait de droit : celle d’être la base de tout développement et de toute émancipation de l’esprit. La ville disposait d’une âme culturelle guidée par la conscience de ceux qui créaient de véritables espaces culturels sous forme de forums, de conférences ou tout simplement de réunion de partage de l’information, puisque l’internet n’était pas encore d’actualité.
La ville disposait également de quatre salles de cinéma qui projetaient les meilleurs films de l’époque et qui donnaient aux jdidis un moyen culturel d’évasion et de distraction.
Outres la projection des films, la ville disposait également de ciné-clubs qui créaient des opportunités de discussions, sur les sujets objet des films et sur les enjeux et les dimensions culturels, économiques et politiques que lesdits sujets traitaient, en essayant de définir leur liaison avec la réalité vécue.
Au grand malheur des générations qui ont suivi cette belle époque, ces merveilleuses salles ont fermé leurs portes en enterrant ainsi une grande opportunité d’émancipation de ces jeunes et de leur savoir. Nos éminents gestionnaires ont ainsi donner libre cours à leur avidité de voir le béton armé envahir la ville. Ils ont ainsi troqué les espaces culturels contre des immeubles d’habitations, ou des centres commerciaux, en obstruant toute issue pouvant donner un brin de culture à ces jeunes qui représentent, somme toute, les hommes de demain.
Les jdidis virent une lueur d’espoir se dessiner suite à la construction du complexe culturel, ce complexe tant attendu et espéré par la population. Ce complexe qu’ils ont vu comme une renaissance de la vie culturelle de la ville. Mais s’était déjà peine perdue que d’imaginer une ville renaitre de ses cendres pour donner un nouveau départ culturel à ses jeunes.
En attendant de meilleurs jours, sous des cieux illuminés par des lueurs d’espoir que seule la société civile est en mesure de créer – les responsables faisant partie des abonnés éternellement absents -prenons encore et toujours notre mal en patience, comme nous ne cessons de le faire, et attendons qu’ils se rendent, enfin, compte que la culture est importante, et que, quoiqu’on fasse, elle est ce qui reste quand on a tout oublié. Alors, de grâce, laissez-nous ce peu de choses qui a échappé à l’oubli.