El Jadida, Mazagan, une ville à la l’histoire glorieuse et la géographie exceptionnelle. Un cap magique qui offrait un cadre de vie unique qui faisait d’elle une ville accueillante, moderne mais imprégnée de traditions, par son ouverture sur d’autres cultures étrangères, européens entres autres, qui ont influencé le mode de vie des autochtones, et l’ont également marquée par leur mœurs et coutumes.
Une ville riche d’un patrimoine historique et culturel qui, hélas, disparaît au fil du temps. Un patrimoine que seules les générations d’avant les années 70 ont connu, côtoyé et apprécié à sa juste valeur.
Qu’est devenue sa belle plage qui se caractérisait par son organisation et sa propreté qui n’avait nul besoin d’un « Pavillon Bleu » pour se distinguer ? Une plage où s’organisaient des compétitions en volley-ball, ou de natation entre amis et familles. Une plage où des familles venaient passer leurs journées en respectant les règles d’hygiène et de propreté, sans avoir à être remis à l’ordre par une quelconque pancarte leur intimant de ramasser les déchets occasionnés par la prise de leurs repas, qui étaient constitués de quelques sandwichs légers.
Que sont devenus ses espaces verts ? Notamment ses deux parcs si bien entretenus dont chacun se distinguait par ses particularités.
Le Parc Spiny se distinguait par ses aquariums à ciel ouvert, son cours de tennis, sa
bibliothèque, mais aussi par la multitude d’oiseaux de toutes les races.

Le parc Mohammed V, qui se caractérise par sa proximité de la plage, offrait un charme exceptionnel avec ses deux bassins, ses arbres séculaires d’espèces rares, et son incontournable café qui diffusait les belles chansons des répertoires des grandes stars de la musique orientale de l’époque, au son desquelles s’associait le bruit des vagues. Et qu’est devenu ce jardin mitoyen au parc qui faisait le bonheur des enfants qui y passaient d’agréables moments en profitant de ses manèges et ses balançoires.
En poussant la balade un peu plus haut, on découvrait le gigantesque hôtel Marhaba qui représentait une référence dans le secteur touristique de la ville, avec sa grande piscine et sa vue panoramique sur l’océan.
Qu’est devenu le phare de la ville, connu par les jdidis sous le nom de la « phalora de Sidi Bouafi » ? Ce phare comptant plusieurs dizaines de marches et qui guidait
les bateaux par la puissance de ses projecteurs dont les rayons lumineux se propageaient jusqu’à une distance de 45 kilomètres. Ce phare dominant la ville et qui surplombe l’Atlantique depuis la nuit des temps n’est plus qu’un édifice terne dont la puissante lumière s’est éteinte, ayant sans nul doute, propagé son dernier éclairage pour ne plus jamais rayonner.

A cette belle époque, les habitants n’avaient pas besoin de spots publicitaires pour garder leur ville propre ou pour préserver leur environnement. Le respect de la nature était tout simplement inné, car chacun ressentait, de manière spontanée, que sa liberté s’arrêtait là où commençait celle de l’autre. Leur savoir-vivre et leur savoir-être leur imposait le respect du bon voisinage à l’égard des jeunes et des moins jeunes, sans avoir à user et abuser des grands principes tels que le civisme et la civilité.
Qu’est donc devenue El Jadida sans son patrimoine ? Elle n’est plus que souvenirs nostalgiques d’une belle époque.
Pourrait-on espérer la renaissance de cette belle ville après tant de dégâts sur son patrimoine ?
Le seul espoir demeure que les autorités prennent conscience qu’El Jadida est, hélas, une ville sinistrée, et décident de sauver ce qu’il y a encore à préserver.