El Jadida : Quand la complicité se perd entre professeur et étudiant et mène devant le procureur

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Par: Khadija Choukaili

Il fut un temps où la confiance et la complicité régnaient entre les professeurs et leurs étudiants. La relation professeur-étudiants a, certes, évolué au gré du temps mais aussi et surtout à cause de ce que sont devenus les deux éléments de l’équation et l’institution universitaire elle-même.

Les étudiants sont devenus ces dernières années, plus revendicateurs, mieux outillés sur le plan de la relation professeur-étudiants, et surtout, plus exigeants et conscients de leur pouvoir.

Ils se voient comme des partenaires qui sont à la fois apprenants, critiques et collaborateurs, conscients d’évoluer dans une société du savoir où la mondialisation et l’excellence sont des enjeux de premier ordre.

La relation entre les étudiants et les enseignants va bien au-delà de la relation pédagogique. C’est également une relation entre deux personnes avec tout ce que cela implique en termes d’entente et de difficultés.

De leur côté, les enseignants sont conscients, de par leur position, du pouvoir qu’ils exercent sur les étudiants et que leur qualité de professeur leur confère, d’où cette dualité qui se ressent de plus en plus dans le milieu universitaire.

El Jadida ne fait, certes, pas l’exception et la tension se ressent de plus en plus dans le milieu universitaire.

En effet, et dans une première qui restera dans les annales, une affaire de discorde entre un professeur et un étudiant, est portée devant le procureur du roi.

Les faits remontent à la fin du mois de décembre, quand un professeur de l’ISTEA a alerté la Sureté Nationale pour porter plainte contre un étudiant qui l’aurait dénigré et menacé en plein cours. Ce qui a conduit la police à ouvrir une enquête qui a duré plus de deux semaines et à établir des procès-verbaux, après avoir entendu les deux parties. Professeur et étudiant ont ensuite été adressés au procureur du roi pour que ce dernier puisse trancher dans cette affaire.

Le professeur a présenté des témoins du corps enseignant et de l’administration de l’institut. Quant à l’étudiant, il a été dans l’incapacité de fournir des preuves à cause de la crainte des étudiants de subir des sanctions de la part du professeur, surtout qu’ils sont à leur dernière année de formation.

L’étudiant avance qu’il aurait été victime d’un harcèlement de la part de l’enseignement depuis l’année scolaire précédente, et que depuis, ce dernier le menace et le dénigre dans la salle de cours, et ce, devant toute l’assistance.

En l’absence de toute preuve tangible de la part de l’étudiant, le procureur du roi a décidé de poursuivre l’étudiant pour « dénigrement d’un fonctionnaire » et l’a adressé à la chambre correctionnelle au tribunal de première instance.

Le Conseil de discipline de l’institut a également sanctionné l’étudiant par une exclusion temporaire d’un mois durant lequel il devra exécuter des travaux forcés au sein de l’établissement.

Par ailleurs, plusieurs associations œuvrant dans le domaine des droits de l’homme se sont soulevées contre cette décision de l’établissement d’avoir fait intervenir les autorités judiciaires pour une simple discorde qui aurait pu être résolue dans le cadre des affaires internes de l’institut.

Il est malheureux de constater qu’il est bien révolu ce bon vieux temps où étudiants et professeurs se réunissaient, en toute complicité, pour un match de foot, ou une randonnée ou un pique-nique dans une forêt aux alentours de la ville.

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