La biblio plage ne doit pas être perçue sous le beau et radieux soleil de Deauville plage comme une simple construction éphémère, un objet de curiosité ou un décor pour embellir l’espace estivaleًً.
Elle ne doit pas être perçue comme un espace ayant rempli son rôle et satisfait ses organisateurs, après avoir soufflé sa quatrième bougie, et que l’on s’empressera de déconstruire à la fin de cet été, dés que l’automne pointera du nez.
La biblio est un espace qui ne devrait aucunement tomber dans les oubliettes sitôt l’été tirant sa révérence, puis abandonnée dans un débarras, dans l’attente de la ressortir, de la dépoussiérer à la prochaine occasion…à la veille de son prochain anniversaire,
Non, il faudrait plutôt en faire un prétexte au rêve, un rêve commun, un rêve citoyen ; un tremplin vers un projet culturel.
Il faudrait que les gens soient conscients du fait que quelque part dans le passé, il y a eu de graves erreurs à l’égard d’une grande partie de nos enfants. Des erreurs dont toute la société en est responsable, et qu’il est possible aujourd’hui de se racheter, en essayant de les réparer à travers la réalisation de ce rêve qui consiste en un ultime appel.
Un appel qui soit une invitation à l’embarquement immédiat sur « l’arche « de la culture, en vue d’une croisière non stop, sans escales, dans les sphères du savoir et de la connaissance.
Un « Arche » dont la partie ancrée dans les sables ,ne représenterait qu’un bout de la passerelle d’un bateau qu’on imagine plus grand, monumental ,de plusieurs kilomètres de longueur ,symbolisant la ville et toute sa région : villages ,douars, bidonvilles … sa poupe serait à l’ouest, au fin fond des Doukkalas ,et la proue aux abords de la casbah de Boulaouane et peut être plus loin encore. A son bord, tous ceux que le destin a oublié de servir à la table du savoir. Ceux qui n’ont pas eu la chance de goutter aux plaisirs de la lecture. Ceux qui sont assoiffés de connaissance, mais qui souffrent faute de moyens.
Ceux qui croient au livre et à la vitalité de la lecture comme source de savoir ,de bonheur ,de liberté et de dignité.
Ceux qui seront prêts pour un exode culturel massif, vers un monde meilleur, au firmament des arts, des lettres et de la science : celui des migrants d’un genre nouveaux.
Ceux qui aspirent à la grande et à la vraie richesse, celle de l’esprit, que nous nous devons d’aller cueillir ensemble au profond de nous même, aux confins de la lumière.
Aux commandes de cet arche de la culture qui est aussi une immense bouée de sauvetage: des poètes, des écrivains, des philosophes, des artistes-peintres, des sculpteurs, des musiciens, des acteurs, des journalistes, des scientifiques de tous bords, qui tendent volontiers leurs mains et leurs cœurs pour sauver tout ce qui peut l’être.
Son carburant serait la puissante volonté, le souffle inépuisable et l’énergie qui animent tout ce beau monde ; des citoyens au vrai sens du mot, épris de justice sociale et qui mèneront sans relâche un combat incessant et durable contre un ennemi commun, farouche et Impitoyable : l’ignorance
«Comme l’ignorance est un état paisible et qui ne coûte aucune peine, l’on s’y range en foule.»
La Bruyère.
Je dirais que c’est aussi en foule et ensemble qu’on peut combattre et venir à bout de l’ignorance.