Par: Khadija Benerhziel
S’il se trouve aujourd’hui une sinistre réalité qui offusque quotidiennement les jdidis de souche ou de cœur, ou ceux qui ont un tant soit peu d’amour ou de nostalgie pour El Jadida, c’est sans aucun doute l’incommensurable détérioration du cadre de vie et la ruralisation galopante conjuguée au recul de la citoyenneté responsable et au déficit des compétences des gestionnaires de la chose publique de notre ville.
Elle perd son âme de jour en jour, livrée à une dégradation et à une clochardisation indignes de la renommée dont elle a bénéficié dans un passé pas très lointain.
Ne parlons pas de ses trottoirs défoncés, de ses artères squattées par les ferrachas de tous bords, de ses chaussées aux multiples trous, de l’état catastrophique des moyens de transport, de l’amoncellement des ordures, et du chaos absurde et alarmant qui règne partout dans la ville.
Aspects qui font couler beaucoup d’encre et qui en feront encore couler tant que le statu quo est maintenu.
Parlons aujourd’hui d’un autre phénomène qui ternit encore plus l’image de la ville, et qui n’est autre que la divagation des animaux domestiques, terme qui désigne dans le jargon administratif les animaux qui se baladent en toute liberté dans les rues, comme s’ils étaient chez eux en pleine cambrousse, et qui constituent un grand danger aussi bien pour les automobilistes que pour les piétons..
Il n’est pas rare, comble de désespoir, de croiser des vaches fouillant dans les ordures y cherchant pitance, des troupeaux de moutons et de chèvres se promenant tranquillement dans les avenues, sans se soucier des voitures, encombrant les voies publiques, ou grimpant aux arbres et broutant dans les jardins des villas et rasant tout.
Les hordes d’ânes et de mulets ne sont pas en reste, et sillonnent les rues de la ville en toute liberté, se permettant de passer en priorité devant les voitures.
Devant ce spectacle désolant, l’on pourrait croire être entré par erreur dans un village. D’après des témoignages, il paraît que certains habitants achètent des ânes et des mulets faméliques et chétifs, et les lâchent chaque jour dans les artères de la ville où ils se nourrissent dans les poubelles, sans prendre la peine de leur acheter l’alimentation nécessaire, et une fois engraissés par tous les déchets qu’ils ingurgitent et devenus plus costauds, ils les vendent très cher.
Les jardins de la ville sont devenus de véritables pâturages pour ces équidés qui détruisent les plantations en toute quiétude, et pour cause, ils se sentent tellement chez eux!!
Les chats et les chiens errants font littéralement partie du décor et ont quotidiennement rendez-vous avec les poubelles où ils puisent de quoi calmer leur faim et se régaler tout en laissant des sacs éventrés d’où se dégagent des odeurs incommodantes.
Leur présence ne suscite aucun étonnement, mais plonge plutôt les gens dans une angoisse permanente, surtout les chiens, parce qu’ils sont à l’origine d’agressions et de morsures graves.
Sur un autre registre, ces innombrables animaux ne sont guère vaccinés, et constituent un réel danger pour les habitants en raison des cas de rage qu’ils peuvent leur transmettre.
Par ailleurs, les rues et les avenues sont souillées de déjections animales dont l’odeur empuantit l’atmosphère.
Tous ces aspects révoltants sont considérés comme normaux et ne choquent ni les responsables locaux, ni certains citoyens pour qui l’hygiène, la propreté et la lutte contre l’insalubrité sont loin d’être des priorités, ceux qui en font la remarque sont ceux qui sortent de la normalité…
Arrivera-t-on un jour à changer cette triste mentalité?