El Jadida : Bab labhar un patrimoine qui sombre dans l’oubli

Si l’on devait la décrire, la cité portugaise est une forteresse unique en son genre, qui se compose de quatre bastions, celui de l’Ange, le Saint-Esprit, le Saint-Sébastien et le Saint-Antoine.

Il faut rappeler qu’en 1769, cette dernière des forteresses portugaises au Maroc, prit fin à la suite d’un traité de paix signé avec le sultan Ben Abdellah, conformément auquel les Portugais devaient quitter la cité par la porte de la mer (Bab Labhar) le 10 mars 1769. Un assaut dirigé par le sultan Mohammed Ben Abdallah aurait été fatal à la population chrétienne et l’occupation de Mazagan, car les portugais posèrent des mines dans les bastions de l’entrée principale du fort qui explosèrent au moment où les Marocains forçaient la porte, faisant écrouler les murailles et provoquant la mort de centaines de militaires et civiles. Ce qui poussa le monarque à abandonner la ville démolie rebaptisée «Al Mahdouma» (la démolie) qui allait, fort heureusement, renaître de ses cendres.

Près d’un demi-siècle plus tard, la ville étant restée abandonnée, My Abderrahmane ordonnera, dans les années 1820, la restauration de l’ancienne cité et la reconstruction des quatre bastions des angles et d’une mosquée.

Bab Labhar est donc une des portes de la cité donnant sur la mer et qui a joué un rôle prépondérant du fait de sa position géographique et son ouverture sur l’atlantique.

Malheureusement, on constate que bien que la cité soit classée par l’UNESCO comme patrimoine depuis le 30 juin 2004, aucune mesure n’a été prise pour la préservation de cette « porte de la mer » qui a pourtant marqué l’histoire de cité portugaise par le trafic commercial et militaire qu’elle a connu.

Si l’on se hasarde à faire un détour du côté de Bab Labhar qui devrait donner un panorama époustouflant, on est malheureusement déçu par tous ces déchets ménagers qui obstruent la vue sur le large et offrent un spectacle désolant de ce beau portail témoin d’un pan de l’histoire de Mazagan.

C’est à se demander si la cité est bel et bien fermée jusqu’aux éboueurs qui devraient s’acquitter de la tâche de la collecte des déchets ménagers et de l’entretien de la propreté de ce quartier historique.

La maintenance du patrimoine de la ville est, certes, sous la responsabilité des autorités locales. Mais on ne peut, cependant pas écarter le rôle des habitants qui devraient avoir un comportement civique et veiller à la propreté des lieux et de l’environnement. Car jeter les déchets ménagers devant ce portail qui s’ouvre sur l’océan, c’est polluer directement la plage qui se situe à quelques mètres, la marée haute entrainant les ordures qui sont rejetés sur la plage par les vagues.

La cité portugaise, symbole de la cohabitation  des trois religions monothéistes sur une terre d’Islam représente la fierté des jdidis, par la spécificité de son architecture et par la valeur inestimable de ses remparts monumentaux, sa citerne unique en son genre, son tracé urbain du 16ème siècle et sa valeur interculturelle.

Il est déconcertant de faire ce triste constat de la dégradation de ce patrimoine historique sachant que la circulaire du Premier ministre, n° 73 du 30/12/1992, appelle les autorités concernées à l’application de la législation sur la conservation des monuments et des sites historiques et à une protection plus efficace

du patrimoine culturel.

Les textes sont bien là. Mais sont-ils pour autant appliqués ?

Sauvons El Jadida et son patrimoine historique qui menace ruine !!!l

Khadija Choukaili

Related posts

Leave a Comment