
La restauration et la réhabilitation des sites historiques, et le mode architectural qui caractérise chaque ville constituent un souci majeur pour la préservation du patrimoine de toute cité.
Malheureusement, on constate qu’à El Jadida il existe un acharnement, sans pareil, contre cette belle architecture antique qui caractérise la ville et qui fait son identité. Quand elle n’est pas, tout bonnement rasée, cette belle architecture est souvent défigurée, ou tout simplement abandonnée à son sort et aux méfaits du temps. Cette obstination à priver la ville de son identité, a conduit à la destruction de plusieurs chefs-d’œuvre architecturaux. La ville perd ainsi, au fil du temps, son harmonie et une partie de sa mémoire qui s’évapore, en reléguant aux oubliettes, son patrimoine si précieux.
Ainsi, plusieurs sites ont subi ce sort, tels que les vasques en marbre du jardin Abdelkrim El Khattabi, les escaliers de l’hôtel Marhaba, les cabines de la plage, l’hôtel Beaulieu, l’immeuble Cohen… et la liste est longue.

Sous prétexte de la modernisation de la ville, on rase de vieilles bâtisses qu’on remplace par des immeubles incongrus, hideux et dépourvus de cette esthétique qui donne à la ville ce cachet particulier et lui confère son authenticité.
Plusieurs petites rues anciennes ont été défigurées par les constructions qui ont transformé ce bel héritage ancestral en un paysage sans âme. El Jadida a été livrée aux mains de promoteurs immobiliers, des seigneurs du béton qui ne connaissent que le profit matériel et ont ainsi accéléré sa descente aux enfers.

Face à la montée en flèche de cette nouvelle vague d’habitation qui se caractérise par la prolifération d’immeubles, El Jadida est en train de perdre son identité architecturale.
On assiste, impuissants, à la disparition de ces maisons traditionnelles dont les portes d’entrée avaient cette forme originale en arcade, ornées de gros clous.
Ce temps est bien révolu où les venelles de la ville dissimulaient des habitations spacieuses, à l’architecture impressionnante. Ces vieilles demeures ont perdu leur charme, marquées par l’abandon de ce cachet d’authenticité.
Les Jdidis s’inquiètent du sort de ces quelques chef-d ‘œuvres qui persistent encore, et qui risquent d’être démolis pour être remplacés par des immeubles abominables et sans âme.
Que peuvent les citoyens contre la destruction et la déchéance planifiées et volontaires de ces élus qui ne peuvent comprendre ce qu’est la préservation du patrimoine historique de la ville ? Ces nouveaux gestionnaires de la chose publique ne peuvent comprendre l’attachement des jdidis à leur patrimoine et s’ingénient à dénaturer la ville et la mener vers un désastre. La Commune Urbaine continue à saper tout ce qui constitue le charme de cette belle cité.
Malheureusement, les permis de démolition des riads et de vieilles bâtisses sont accordés sans aucune enquête sur l’importance de leur valeur historique. Dans certaines villes du Royaume telles que Marrakech, il est impossible de déraciner un palmier ou même le déplacer. Quant à El Jadida, ces nouveaux responsables s’acharnent à déraciner son patrimoine architectural et historique dans l’impunité absolue.
Les Jdidis sont, certes, consternés face à cette fièvre destructrice qui s’abat sur leur ville. Ceci dénote de la mauvaise foi des promoteurs qui défient jusqu’aux recommandations officielles et ne donnent aucune importance à la préservation d’un patrimoine qui constitue l’identité et la particularité de cette ville qui fut, dans un passé pas si lointain, le Deauville marocain.
Le développement de la ville devrait répondre à certains critères en mesure d’éviter le déracinement de l’identité et même de la mémoire de cette belle cité.
Il serait grand temps d’arrêter ce massacre.
A bon entendeur…