La librairie de Paris à El Jadida, en partenariat avec l’Institut français, a organisé le jeudi 18 mai 2023 une rencontre culturelle avec le romancier franco-marocain Tahar Ben Jelloun autour de son nouveau roman « Les amants de Casablanca », roman en 336 pages, paru récemment dans les éditions Gallimard.
Au tout début de cette rencontre Hassan Kamoun, directeur de la Librairie de Paris, a lu un mot de bienvenue avant de céder la parole au professeur Abdellali Errehouni, modérateur de la rencontre. Ce dernier qui a dirigé le débat, avec doigté, a d’abord donné un aperçu sur la production littéraire de l’invité et de son dernier roman dont la ville de Casablanca joue le rôle central. Une ville intéressante pour un romancier comme dira Tahar Ben Jelloun.
Intervenant par la suite, Tahar Ben Jelloun, devant une assistance nombreuse, dans une salle archicomble, répondit aux différentes questions posées sur son roman et donna son point de vue sur la lecture, le mariage, les relations conjugales, ainsi que sur l’écriture et les enjeux du roman en question.
L’histoire de cet ouvrage se focalise sur un couple marocain, Nabil, médecin humaniste, et Lamia, brillante pharmacienne, un duo bourgeois fonctionnant depuis plus de dix ans. Les époux se sont connus dans la capitale française, ont fait construire une maison et ont trois enfants. Tout semblait aller pour le mieux, mais c’était sans compter sur la déception de l’épouse de voir son mari se donnant à fond pour soigner ses malades pauvres au détriment de son couple. Celle-ci, désabusée, souffrait en silence jusqu’au jour où elle tombe dans les bras de Daniel, un sulfureux collectionneur de femmes. La relation conjugale se complique alors sérieusement et le couple exemplaire, au départ, se trouve au bout du gouffre, sinon dedans.
Dans ses explications, le Prix Goncourt de littérature, également sociologue, fait savoir que dans le mariage rien n’est jamais acquis. Car les habitudes se transforment en usure et pour garder la fraîcheur des premiers jours, il faut, conseille t-il, trouver des idées et de la passion. En effet, dans une relation de mariage, les choses se corsent quand on se suffit du quotidien et de la routine et qu’on néglige la vie à deux. D’après Ben Jelloun, certaines personnes observées dans la société marocaine, se focalisent beaucoup sur l’argent et le gain alors que ce moyen est susceptible de pourrir une belle relation.
À travers l’histoire de ce nouveau roman, Ben Jelloun, alternant les points de vue des deux personnages, raconte comment ce couple, financièrement à l’aise, se trouve un jour au bord de l’implosion. Il critique alors ce que représente « l’ingérence familiale » dans le couple marocain et condamne sans équivoques, certaines apparences sociales qui, dans le souci de les respecter, conduisent les unions vers l’échec pur et simple.
Peut-on dire aussi que l’épouse, Lamia, nous rappelle une certaine Emma Bovary (dans le célèbre roman de Gustave Flaubert), elle aussi épouse d’un médecin de province avait lié des relations extra-conjugales afin d’éviter la banalité et la médiocrité de la vie provinciale.
Romancier, poète et peintre, membre de l’Académie Goncourt et lauréat du prix Goncourt en 1987 pour « La nuit sacrée », Tahar Ben Jelloun est l’auteur de nombreux romans parus aux Éditions Gallimard, dont « Le miel et l’amertume », « La punition », ou encore « Le mariage de plaisir ».
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