Antoinette Bridonneau-Fornès est née en 1935 en France. En 1954, elle arriva à El Jadida comme enseignante à l’école Notre-Dame de la Jeunesse. Rebaptisée Etablissement Oum-Errabia, cette école existe toujours et vient de fêter ses 100 ans en 2021. À El Jadida, Antoinette se maria avec Jacques Fornés et ils quittèrent tous deux le Maroc en 1959. Dans ce bref témoignage, Antoinette revient sur ses années passées à El Jadida.
Issue d’une fratrie de dix enfants dont je suis la septième, je suis née le 30 décembre 1935 à Mouchamps, un petit village du département de la Vendée en France. Mon père était minotier, ma mère est décédée quand j’avais six ans. J’ai toujours eu envie d’être enseignante, pour l’anecdote, je faisais la classe aux cailloux quand j’étais petite.
Après le primaire, j’ai fait mes études au pensionnat Sainte-Ursule à Luçon où j’ai enseigné après mon diplôme pendant deux ans.
Mon oncle, curé de Tlemcen en Algérie, avait un ami qui connaissait le curé de Mazagan, le père François Muzard, qui cherchait une institutrice pour l’école de la paroisse Notre-Dame de la Jeunesse. Je suis donc partie à l’aventure pour le Maroc en septembre 1954. La directrice de l’école, à l’époque, Mlle Emilie Lelièvre, m’a engagée immédiatement.
L’école à été créée en 1921 mais je n’ai aucune information précise sur l’histoire de sa création et de sa construction. L’école était bien sûr payante. Il y avait une chapelle, mais, à ma connaissance, comme elle n’a beaucoup servi, elle fut transformée en classe.
S’agissant du personnel, je me souviens toujours de mes deux amies enseignantes, Pierrette Dufour et Raymonde Létang. Il y avait aussi le gardien de l’école et sa femme, Abdelaziz et Aïcha, qui faisaient le ménage. Ils habitaient juste en face de l’école. Il y avait aussi Rachel qui faisait la cuisine et qui est repartie en Israël quelques années après.
Quand la directrice Mlle Emilie Lelièvre est retournée en France en 1957, des religieuses libanaises ont repris la direction de l’école. Je ne sais pas dans quelles conditions ont-elles récupéré l’établissement. Toujours est-il que je suis restée avec elles jusqu’en décembre 1959. Nous suivions alors les mêmes programmes scolaires que la France. Ce n’est que lors de ces dernières années, que l’école accepta des enfants marocains musulmans et juifs.
Les enseignantes avaient une chambre à l’école. Mais, quand les religieuses libanaises sont arrivées, elles ont pris les chambres des institutrices et donc nous avons été hébergées dans les dépendances de la villa Chèvre au fond du jardin. C’est la villa occupée aujourd’hui par l’Institut français.
Après un bref passage par l’Algérie, je suis rentrée en France en décembre 1962 avec mon mari et mes deux enfants. Nous nous sommes installés à Tours où j’ai continué à enseigner tout en gardant d’étroites relations amicales avec Emilie Lelièvre jusqu’à son décès.
Dans les années 1980, je suis retournée au Maroc avec mon mari, Jacques Fornès, qui était né à Mazagan. Nous avons visité l’école où la directrice nous a accueillis très gentiment et j’ai constaté que peu de choses avaient changé à l’époque.
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