Par :Mouna Achiri (Montréal-espaceMRE)
Vivre en terre d’accueil seul ou accompagné, là n’est pas la question. Nombreux sont les marocains qui plient bagages seuls, voyagent seuls, s’installent seuls et vivent une partie de leur vie seuls ou se retrouvent, par la force des circonstances, esseulés. Ce n’est pas tant un choix qu’un concours de conjonctures sociales.
Il y a d’abord les jeunes adultes, étudiants ou employés qui se retrouvent propulsés vers un rêve devenu réalité avant que le hasard, ou la famille ou encore amis, ne placent leur moitié sur leur chemin. Cap vers l’Eldorado. Le mariage saura attendre. D‘ailleurs c’est mieux d’y aller les poches « mieux garnies », « l’allure plus fière » et « un passeport américain » ; c’est plus vendeur… Il y a les divorcés et les veufs. Le résultat est le même ; la quête de l’autre moitié s’impose surtout quand le grand froid réduit au sédentarisme, donc à la solitude, au spleen. On broie du noir, en attendant les beaux jours. Et il y a la gente féminine non accompagnée pour les mêmes raisons, avec une différence près, comme les convenances veulent que l’homme reste chasseur elles attendent d’être « capturées »…Là on ne parle pas du célibat en tant que choix personnel, pour les hommes comme pour les femmes.
Le bon »profil »
Quand l’homme célibataire marocain décide de se trouver une épouse, il a deux options (à moins qu’il y en ait d’autres latentes) : chercher dans son environnement direct ou trouver sa requête dans son pays natal ? Des deux options la plus courante est la seconde. Pourquoi se compliquer la procédure ? la raison est d’une bêtise surprenante : une virginité à toute épreuve, dans tous les sens du terme. Autrement dit, les filles qui immigrent toutes seules sont « vieilles » de l’avis de M., médecin, « trop libérées » comme l’affirme S., un technicien qui ne jure que par les voilées, «veulent beaucoup de droits appris ici et peu de devoirs » selon A. un informaticien et célibataire endurci.
La perle rare pour ces célibataires et bien d’autres les attendent sagement derrière leurs persiennes baissées, jeunes, splendides, sages et inexpérimentées. Le parti parfait qui ne s’avère pas toujours parfait. Combien d’épouses ramenées du pays d’origine n’avaient de virginal que les connaissances du pays qui l’accueille ? Combien ont accepté le prétendant immigré pour ses beaux yeux, pour l’aimer, le chérir, jusqu’à ce que mort s’ensuive ? Combien enfin sont les perles rares qui continuent de satisfaire l’ego d’un mari issu d’une société patriarcale par excellence en vivant à son ombre et de sa bénédiction au lendemain des noces ?
Et combien de filles, nées au Canada ou ramenées jeunes avec leur famille ou encore venues avec pour seule compagnie des études ou une formation et des espoirs de mener une vie meilleure loin de sa famille ? Des qualités ? Elles ont en beaucoup ; la nature est la même partout. C’est la façon personnelle de la voir qui peut induire en erreur.