Des silhouettes…féminines surtout, minces, dénotant un perpétuel mouvement du corps, à peine perceptible, que le trait monochrome et le contour tellement fin, exercé avec doigté par l’artiste , lui donne une certaine sensualité, et l’ impression que ces créatures diaphanes se livrent à un quelconque rituel ou danse céleste , laissant percevoir, comme par inattention, un bout de leur intimité …
Des créatures qu’on dirait prêtes à s’éclipser à n’importe quel moment hors du cadre.
Une vision illusoire, qui nous laisse longtemps pensifs devant l’œuvre, pour mieux en mesurer tous les détails et l’ambiance ainsi créée.
Le vide sur le blanc du support détermine les formes, les mouvements et leurs prolongements : « la forme est le vide, et le vide est la forme ».
quant à la tâche d’encre qui voile parfois, comme une trame, le visage et son expression, elle révèle l’aspect sombre, poétique, rêveur et inconscient qui trahit le climat dans lequel voguait l’artiste au moment de la conception de ses œuvres.
Ce sont là quelques uns, des effets magiques de l’encre et l’eau ressentis devant les représentations de l’artiste peintre Abdellah Belabbés qui exprime d’une manière subtile, toute une prose, et une nuée de messages.
Une cinquantaine d’œuvres exposées à la galerie Chaibia Talal à la cité portugaise d’ El-Jadida, fruit de l’imagination fertile et de la richesse d’inspiration du peintre.
« Ce n’est ni l’aquarelle ni la gouache, c’est une technique à mi chemin entre la peinture et le dessin » me confia le sympathique plasticien lors du vernissage « Aqua encre » qui a eu lieu le vendredi 08 septembre, en présence de nombreux visiteurs, esthètes, et intellectuels Jdidis et d’ailleurs.
Une technique picturale qui serait le Lavis, fondée sur le travail de l’encre diluée à l’eau par osmose, appliquée sur papier blanc.
Le Lavis fut pratiqué par les chinois depuis le 6ème siècle de notre ère, avant de connaitre son utilisation par les européens à partir de la renaissance.
Peinture ou dessin, au pinceau ,ou à la plume ,à l’encre de seiche de poulpe ou de chine , l’artiste Abdellah Belabbés par la signature de ces magnifiques œuvres ,réalisées au Lavis, démontre son inlassable quête du renouveau, et son envie d’assouvir une soif lancinante qui l’a guidée cette fois en véritable prospecteur vers l’eau ,et l’encre . Une expérience qu’il nous a invités gracieusement à partager au cœur du Mellah d’El Jadida.
Abdellah Belabbés artiste poète et philosophe ,à l’instar du grand homme de lettres Victor Hugo ,qui , à la suite de la disparition de sa fille Leopoldine et le chagrin qui le frappa durant des années après ,se mit alors à dessiner adoptant la technique du lavis, laissant derrière lui en héritage des centaines d’œuvres immortelles .