Chronique de Mustapha Jmahri : Charles Duplessis Saint-Requier à El Jadida

Presque tous les anciens d’El Jadida notamment ceux des quartiers el-Kelaâ, du Plateau et de saniat el-Morakib se rappellent d’un Français qui habitait seul une villa, en haut de l’avenue Hassan II, juste en face de l’école Charcot et que les écoliers appelaient monsieur Fou à force d’entendre ses vociférations. En effet, le personnage se mettait vite en colère et réagissait par des insultes aux moqueries des enfants.
En 1966, j’étais alors élève au collège Chouaib Doukkali et je voyais ce personnage, de son vrai nom Charles Duplessis Saint-Requier, arrivant sur sa bicyclette avec un litre de vin rouge attaché par un élastique sur le porte-bagage. Il ouvrait le portail de sa villa et se mettait à boire tout de suite sur les marches devant l’entrée.
Personne parmi les locaux ne savait ce qu’il avait au juste. Les spéculations sur sa maladie étaient variées : un chagrin d’amour ou le décès de sa maman mordue par un chien enragé.
Christian Martinez, né à Mazagan, et dont la sœur de Charles est sa marraine, m’a donné quelques éléments sur Charles. Ce dernier qui, durant le protectorat, avait été militaire dans l’armée de l’Air en France, avait contracté une méningite cérébrospinale qui l’avait plongé très longtemps dans un coma profond. Il s’en était sorti avec des séquelles physiques et mentales. Il bénéficia alors d’une retraite militaire en rapport avec sa maladie et résida à Mazagan.
Charles resta seul dans la villa dont lui et sa sœur avaient hérité. Sa tante, madame Elise Audibert, qui possédait une ferme à L’Outa, près de sidi Bennour, s’occupa de lui. Mais après le décès de sa tante, sa situation mentale s’est détériorée et c’est sa sœur, madame Suzanne Perrier, qui l’a fait venir en France où il est mort, en 1984, dans un centre de retraite du sud-ouest.
Sa villa fut alors vendue à un Marocain, avant qu’elle ne soit démolie pour abriter une clinique.
jmahrim()yahoo.fr

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