Élégie pour les calèches d’El-Jadida

Il fut un temps où les rues d’El-Jadida vibraient au rythme paisible des sabots de chevaux. Les calèches, silhouettes nobles et familières, faisaient partie intégrante du décor urbain. Non seulement elles avaient ce charme désuet qui rappelle les cartes postales d’un autre siècle, mais elles remplissaient surtout un rôle essentiel : celui de transporter les citoyens dans une ville encore minuscule, sans taxis ni bus.

À cette époque, les boulevards étroits ne posaient guère de problème. La circulation automobile était presque inexistante et le silence régnait encore entre les remparts. Les calèches glissaient alors au cœur de la ville avec grâce et utilité, tissant un lien vivant entre les quartiers et les habitants.

Aujourd’hui, alors que la modernité a tout englouti, une question s’impose : pourquoi ne pas faire revenir quelques calèches ? Non plus comme moyen de transport principal, mais comme attraction touristique? Une sorte d’hommage vivant à un passé révolu ?
L’idée, bien que romantique, se heurte à une réalité têtue : la circulation à El-Jadida est devenue chaotique, imprévisible, et mal gérée. Réintroduire les calèches pourrait s’avérer contre-productif, voire dangereux.
Mais peut-être, dans un espace délimité, sécurisé et dédié, autour de la cité portugaise,boulevard Annasr par exemple, ces calèches pourraient faire renaître, cette douce évocation d’un temps où El-Jadida se vivait au pas lent du cheval, et non à coups de klaxon.
Abdellah Hanbali

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