8e Forum de la Mer à El Jadida : Un océan de paroles, un désert d’actions

« La mer, avenir de la terre » : telle est l’ambition affichée par la 8e édition du Forum de la Mer. Pourtant, derrière les discours bien rodés, se cache une réalité moins reluisante : celle d’un événement coûteux, statique, dont les retombées concrètes peinent à se faire sentir.
Depuis sa création, le Forum de la Mer se veut une plateforme de réflexion autour des enjeux maritimes. Mais après huit éditions, le constat s’impose : les grandes déclarations s’enchaînent, les experts internationaux défilent, gracieusement pris en charge, puis repartent. Mais que reste-t-il une fois les projecteurs éteints ? Où sont les recommandations appliquées ? Les projets concrets ? Les évaluations transparentes ?
Le citoyen, principal contributeur à ce rendez-vous annuel, est en droit d’exiger des comptes.
La mer, avenir de la terre ? Encore faudrait-il s’en soucier véritablement. Surpêche persistante, pêche illégale, pollution maritime, changement climatique… Les maux sont identifiés, mais les solutions tardent. Le littoral s’érode, les écosystèmes se fragilisent, et nos engagements internationaux restent trop souvent lettre morte. La pêche artisanale, pilier socio-économique et culturel, se meurt à petit feu : poissons de plus en plus petits, espèces disparues, familles en détresse.
Et que dire du contrôle maritime ? Inexistant ou inefficace. Les patrouilles manquent de moyens, les flottes étrangères utilisent des filets interdits, et les dégazages sauvages au large restent impunis. À El Jadida même, symbole de ce forum, le tableau est sombre : au nord, une zone industrielle crache ses déchets sur la plage ; au sud, le port de Jorf Lasfar progresse… mais sans lien avec le Forum.

Certes, organiser un forum n’est pas en soi blâmable. Mais lorsque celui-ci devient une vitrine creuse, répétant chaque année les mêmes discours sans écho dans les politiques publiques, une question s’impose : pourquoi continuer à mobiliser de l’argent public pour un événement sans impact tangible ?

Petit rappel : la première édition devait se tenir à Agadir, puis alterner entre différentes villes. Mais sur invitation de Mouâd Jamîi, alors gouverneur, le Forum s’est finalement ancré à El Jadida. Un choix qui interpelle, d’autant plus que Mehdi Alaoui M’Daghri, président de l’association organisatrice Planète Citoyenne, n’est autre que le fils de Driss Alaoui M’Daghri, ancien ministre influent. Simple coïncidence ? Peut-être. Mais la récurrence de grandes figures politiques depuis la première édition, alors qu’il n’a pas encore fait ses preuves donne à réfléchir : s’agit-il d’un véritable engagement pour la mer ou d’un simple « devoir de reconnaissance » ?
Car pendant que l’élite palabre, la mer, elle, se meurt. En silence. Quant à l’argent du contribuable…
Par: Abdellah Hanbali

Related posts

Leave a Comment